Calme

Le temps bien sûr sera nul du péché les portes céderont sous l’assaut des eaux les orchidées pousseront leur douce tête violente de torturé à travers la claire-voie que deux à deux font les paroles les lianes dépêcheront du fond de leurs veilles une claire batterie de sangsues dont l’embrassade sera de la force irrésistible des parfums de chaque grain de sable naîtra un oiseau de chaque fleur simple sortira un scorpion (tout étant recomposé)

les trompettes des droseras éclateront pour marquer l’heure où abdiquer mes épaisses lèvres plantées d’aiguilles en faveur de l’armature flexible des futurs aloès l’émission de chair naïve autour de la douleur sera généralisée

hors de tout rapport avec l’incursion bivalve des cestodes cependant que les hirondelles nées de ma salive agglutineront

avec les algues apportées par les vagues qui montent de toi le mythe sanglant d’une minute jamais murmurée aux étages des tours du silence les vautours s’envoleront avec au bec des lambeaux de la vieille chair trop peu calme pour nos squelettes

Voter pour ce poème!

Aimé Césaire Apprenti Poète

Par Aimé Césaire

Aimé Césaire, né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe et mort le 17 avril 2008 à Fort-de-France, est un écrivain et homme politique français, à la fois poète, dramaturge, essayiste, et biographe.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Les poètes tissent leur toile de mots. Ajoutez un fil précieux avec votre commentaire.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Nos corps i

La nature est pleine d’amour