J’ai dit : «
C’est malheureux ! »
Et j’ai permis aux arbres
de s’arracher au sol
pour galoper dans la prairie,
au sud, au nord, à la rencontre de la mer.
J’ai dit : «
Ce n’est pas juste ! »
Et j’ai autorisé les fleuves,
déçus comme les vieilles caravelles,
à revenir jusqu’à leur source.
J’ai dit : «
C’est très blessant. »
Et j’ai pu obtenir que l’azur,
avec un geste de cigogne,
vienne s’asseoir sur votre épaule.
J’ai dit : «
Ce n’est pas acceptable ! »
Et j’ai pu m’assurer
que de chaque falaise
sorte un murmure, une musique.
J’ai dit : «
Quelle calamité ! »
avant de donner l’ordre à votre prose,
mot à mot, goutte à goutte,
d’absorber chaque jour, par voie buccale,
un peu de poésie.