La fileuse

Pure et blanche aux reflets du grand soleil couchant,
Comme dans les tableaux la Vierge agenouillée,
Elle hâte du doigt la lente quenouillée,
L’œil pensif et la tête avec grâce penchant.

Près d’elle son chien dort, grondeur et point méchant.
Tordant l’étoupe blonde à mesure mouillée,
Elle jette à la lande, à la sourde feuillée
Des arbres, la douceur extrême de son chant.

C’est un vieil air traînant, mélancolique, vague,
Qui fait songer aux voix mourantes de la vague
Et répète le rhythme en des couplets très-lents ;

Une obscure chanson, sans doute une légende,
Qu’au temps des soirs anciens chantaient dans cette lande
Des bergères aussi, mortes depuis mille ans.

Dans l'océan des mots, chaque commentaire est une vague de Verlaine. Venez créer votre marée.

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