Coeur prisonnier, je vous le disais bien

Rondeau

Coeur prisonnier, je vous le disais bien,
Qu’en la voyant vous ne seriez plus mien
Si j’eusse eu lors le sens de vous entendre…
Moi qui eût pu deviner ni attendre
Qu’un si grand mal advînt d’un si grand bien ?

Puisqu’ainsi est, bienheureux je vous tien
D’être arrêté à si noble lien,
Pourvu aussi qu’elle vous veuille prendre
Coeur prisonnier.

Mais si vous laisse, aussi ne vous retien,
Et si sais bien qu’ailleurs n’aimerez rien ;
Ainsi mourrez n’ayant à qui vous rendre ;
Dont elle et moi serons trop à reprendre,
Mais elle plus, que plus vous êtes sien,
Caeur prisonnier.

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Par Antoine Heroët

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