Les Plus Lus

  • Quelqu’un d’autre

    Dès le réveil j’ai besoin d’être quelqu’un d’autre. Je suis le bijoutier du coin. Je manipule le lapis-lazuli, la perle fausse, l’opale, et je conseille aux minces fiancées la bague en or qui les rendra heureuses. Je suis le voleur de chevaux dans un pays lointain, l’Anatolie ou les plaines kirghizes : je les prends […] Plus

    Lire la suite

  • Une éventualité

    Je parlerais d’une ombre pure. Je parlerais d’une oasis légère. Je parlerais d’une indulgence à l’égard des vautours. Je parlerais d’un long festin pour les enfants déshérités. Je parlerais des demi-lunes aux désirs fous. Je parlerais d’un très jeune visage qui cherche son profil. Je parlerais d’une aube où apparaissent les stigmates. Je parlerais de […] Plus

    Lire la suite

  • L’avidité du poète

    Le catalpa n’a pas connu le sort qu’il espérait. Je ne peux rien pour lui. Le marbre blanc comme colombe n’est jamais parvenu jusqu’au palais de l’empereur. Je ne vais pas le consoler. La fourmi veut, par son travail, me donner des leçons de bonheur. Je n’en suis pas complice. L’azur lance un appel pour […] Plus

    Lire la suite

  • Demain sans moi

    Demain sans moi, la République aura le même Président, les mêmes électeurs, égaux dans l’isoloir comme chien et chacal. Demain sans moi, l’été commencera au mois de juin, la lune sera grosse comme le potiron et le chiffre zéro roulera dans la neige. Demain sans moi, ma rue sera très sale, mon village très laid […] Plus

    Lire la suite

  • Besoins

    J’ai survécu à mon besoin de vivre : tout le reste est sursis. Couché, debout, assis, mourant : demandez à mes livres quels sont mes droits car mon verbe m’opprime et je n’ai plus d’arpent. Je renais ou me pends selon le vœu de quelque rime. Comprenez-vous cette philosophie ? Quand il se fait trop […] Plus

    Lire la suite

  • Achats

    J’achète un tapis bleu, un tapis rouge et trois autres tapis. J’achète un abat-jour, cinq abat-jour, une dizaine : je les entasse. J’achète une autruche empaillée, une antilope, un caïman : ils se cassent les pattes. J’achète des bergères, des fauteuils à bascule et des tables de bridge, où ne viendront jouer ni voleurs ni […] Plus

    Lire la suite

  • La mort et le baiser

    Voulez-vous me prêter un peu de votre vie ? J’aimerais corriger la mienne qui est vieille et que j’ai mal servie. Un crâne plus léger lui donnerait l’espoir; une épaule plus leste, un sentiment d’amour. Voulez-vous me prêter, dans un parc, quelques gestes qui n’ont pas de contours, mais qui font au soleil peu à […] Plus

    Lire la suite

  • Les néants

    Cet « au voleur », c’est mon platane. Ce « nulle part », c’est ma fourmi. Ce « j’en mourrai », j’ai trop d’amis Qui le condamnent. Ma Jeanne d’Arc : folles cerises ! Mon Charlemagne : faux galets ! Mon Rivoli, si j’en parlais, Quelle méprise ! Le chèque en blanc pour l’asphodèle. La […] Plus

    Lire la suite

  • Intestin

    L’humanité accomplit son destin qui trop souvent me frappe. Je vois le monde à travers l’intestin, en de pauvres agapes. Je ne réfléchis plus : j’ai soif, je bois ; le rein est ma cervelle. Le mot se meurt, quand la chair aux abois, en pleurant, fait sous elle. Je me survis; les poils sont […] Plus

    Lire la suite

  • Le poète et le poème

    J’ai mal à mon poème avant ses deux naissances : sur le papier, dans mes poumons. Il m’investit, ô concurrence comme un démon qui ressemble à l’enfant qu’on jette à la poubelle dans la colère et le mépris ! Il m’arrache mes vers rebelles : les ai-je écrits ? J’ai mal à mon poème au […] Plus

    Lire la suite

  • Sur les tréteaux

    Je ne joue plus la comédie que devant moi. Tantôt en mousquetaire, tantôt en arlequin, geste trop large ou voix cassée, je me salue sur les tréteaux : « Bonjour, Monsieur Nous-même, je nous adore tous les deux ; aux provinces du Verbe, nous avons partagé tous les bonheurs. » Je ne joue plus la […] Plus

    Lire la suite

  • Homme et verbe

    Vous savez bien que la musique a sa propre raison. Un poème s’explique par l’horizon, par le hibou, par le mont chauve, par l’azur qu’on a bu; il n’est rien qui le sauve de l’imprévu. De mot en mot tremblant, l’image s’amplifie, se dissout, sans subir d’esclavage. Un lecteur fou, transi, fébrile, on le souhaite […] Plus

    Lire la suite

Charger plus
Toutes nos félicitations. Vous avez atteint la fin de l'internet.