Comme tous les soirs

Le vieux crapaud de la nuit glauque
Vers la lune de fiel et d’or,
C’est lui, làbas, dans les roseaux,
La morne bouche à fleur des eaux,
Qui rauque.

Làbas, dans les roseaux,
Ces yeux immensément ouverts
Sur les minuits de l’univers,
C’est lui, dans les roseaux,
Le vieux crapaud de mes sanglots.

Quand les taches des stellaires poisons
Mordent le plomb des horizons
Ecoute, il se râpe du fer par l’étendue
C’est lui, cette toujours voix entendue,
Làbas dans les roseaux.

Monotones, à fleur des eaux,
Monotones, comme des gonds,
Monotones, s’en vont les sons
Monotones, par les automnes.

Les nuits ne sont pas assez longues
Pour que tarissent les diphtongues,
Toutes les mêmes, de ces sons,
Qui se frôlent comme des gonds.

Ni les noroîts assez stridents,
Ni les hivers assez mordants
Avec leur triple rang de dents,
Gel, givre et neige,
Afin que plus ne montent en cortège
Les lamentables lamentos
Du vieux crapaud de mes sanglots.

Les bords de la route

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Émile Verhaeren Apprenti Poète

Par Émile Verhaeren

Émile Adolphe Gustave Verhaeren, né à Saint-Amand dans la province d'Anvers, le 21 mai 1855 et mort à Rouen le 27 novembre 1916, est un poète belge flamand, d'expression française.

La poésie est une danse de l'âme. Enchaînez vos mots, comme un poème de Nijinsky, et dansez avec nous.

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