La vie

Il faut admirer tout pour s’exalter soimême
Et se dresser plus haut que ceux qui ont vécu
De coupable souffrance et de désirs vaincus :
L’âpre réalité formidable et suprême
Distille une assez rouge et tonique liqueur
Pour s’en griser la tête et s’en brûler le coeur.

Oh clair et pur froment d’où l’on chasse l’ivraie !
Flamme nette, choisie entre mille flambeaux
D’un légendaire éclat, mais d’un prestige faux !
Dites, marquer son pas dans l’existence vraie,
Par un chemin ardu vers un lointain accueil,
N’ayant d’autre arme au front que son lucide orgueil !

Marcher dans sa fierté et dans sa confiance,
Droit à l’obstacle, avec l’espoir très entêté
De le réduire, à coup précis de volonté,
D’intelligence prompte ou d’ample patience
Et de sentir croître et grandir le sentiment
D’être, de jour en jour, plus fort, superbement.

Aimer avec ferveur soimême en tous les autres
Qui s’exaltent de même en de mêmes combats
Vers le même avenir dont on entend le pas ;
Aimer leur coeur et leur cerveau pareils aux vôtres
Parce qu’ils ont souffert, en des jours noirs et fous,
Même angoisse, même affre et même deuil que nous.

Et s’enivrer si fort de l’humaine bataille
Pâle et flottant reflet des monstrueux assauts
Ou des groupements d’or des étoiles, làhaut
Qu’on vit en tout ce qui agit, lutte ou tressaille
Et qu’on accepte avidement, le coeur ouvert,
L’âpre et terrible loi qui régit l’univers.

La multiple splendeur

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Émile Verhaeren Apprenti Poète

Par Émile Verhaeren

Émile Adolphe Gustave Verhaeren, né à Saint-Amand dans la province d'Anvers, le 21 mai 1855 et mort à Rouen le 27 novembre 1916, est un poète belge flamand, d'expression française.

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