Ce n’est pas moy que l’on abuse ainsi

Ce n’est pas moy que l’on abuse ainsi :
Qu’à quelque enfant, ces ruzes on emploie,
Qui n’a nul goust, qui n’entend rien qu’il oye :
Je sçay aymer, je sçay hayr aussi.

Contente toy de m’avoir jusqu’ici
Fermé les yeux ; il est temps que j’y voie,
Et que meshui las et honteux je soye
D’avoir mal mis mon temps et mon souci.

Oserois tu, m’ayant ainsi traicté,
Parler à moy jamais de fermeté ?
Tu prendz plaisir à ma douleur extreme ;

Tu me deffends de sentir mon tourment,
Et si veux bien que je meure en t’aimant :
Si je ne sens, comment veus tu que j’aime ?

Vingt neuf sonnetz

La poésie, c'est l'art de l'âme. Venez, comme Guillaume Apollinaire, exprimer la vôtre en commentant.

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