Aux dames pour les demi-dieux marins, conduits par Neptune

Ô qu’une sagesse profonde,
Aux aventures de ce monde
Préside souverainement :
Et que l’audace est mal apprise
De ceux qui font une entreprise,
Sans douter de l’événement.

Le renom que chacun admire,
Du prince qui tient cet empire,
Nous avait fait ambitieux,
De mériter sa bienveillance,
Et donner à notre vaillance
Le témoignage de ses yeux.

Nos forces partout reconnues
Faisaient monter jusques aux nues
Les desseins de nos vanités :
Et voici qu’avecque des charmes
Un enfant qui n’avait point d’armes,
Nous a ravi nos libertés.

Belles merveilles de la terre,
Doux sujets de paix et de guerre,
Pouvonsnous avecque raison
Ne bénir pas les destinées,
Par qui nos âmes enchaînées
Servent en si belle prison ?

L’aise nouveau de cette vie
Nous ayant fait perdre l’envie
De nous en retourner chez nous,
Soit notre gloire ou notre honte,
Neptune peut bien faire compte
De nous laisser avecque vous.

Nous savons quelle obéissance
Nous oblige notre naissance
De porter à sa royauté :
Mais estil ni crime, ni blâme,
Dont vous ne dispensiez une âme
Qui dépend de votre beauté ?

Qu’il s’en aille à ses Néréides,
Dedans ses cavernes humides :
Et vive misérablement
Confiné parmi ses tempêtes.
Quant à nous étant où vous êtes,
Nous sommes en notre élément.

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François de Malherbe Apprenti Poète

Par François de Malherbe

François de Malherbe est un poète français, né à Caen vers 1555 et mort à Paris le 16 octobre 1628. Il est le fils de François, écuyer, seigneur de Digny, conseiller au bailliage et présidial de Caen, et de Louise Le Vallois.

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