Le soir au bord de la mer

Les bois épais, les sirtes mornes, nues,

Mêlent leurs bords dans les ombres chenues.

En scintillant dans le zénith d’azur,

On voit percer l’étoile solitaire :

A l’occident, séparé de la terre,

L’écueil blanchit sous un horizon pur,

Tandis qu’au nord, sur les mers cristallines,

Flotte la nue en vapeurs purpurines.

D’un carmin vif les monts sont dessinés ;

Du vent du soir se meurt la voix plaintive ;

Et mollement l’un à l’autre enchaînés,

Les flots calmés expirent sur la rive.

Tout est grandeur, pompe, mystère, amour :

Et la nature, aux derniers feux du jour,

Avec ses monts, ses forêts magnifiques,

Son plan sublime et son ordre éternel,

S’élève ainsi qu’un temple solennel,

Resplendissant de ses beautés antiques.

Le sanctuaire où le Dieu s’introduit

Semble voilé par une sainte nuit ;

Mais dans les airs la coupole hardie,

Des arts divins, gracieuse harmonie,

Offre un contour peint des fraîches couleurs

De l’arc-en-ciel, de l’aurore et des fleurs.
François-René de Chateaubriand, Tableaux de la nature

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Par Francois-Rene de Chateaubriand

François-René, vicomte de Chateaubriand, né à Saint-Malo le 4 septembre 1768 et mort à Paris le 4 juillet 1848, est un écrivain et homme politique français. Il est considéré comme l'un des précurseurs du romantisme français et l'un des grands noms de la littérature française.

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