Ha ! main qui doucement me déchirez le coeur

Ha ! main qui doucement me déchirez le coeur,
Et qui tenez ma main en l’amoureux cordage,
Main où nature veut montrer son bel ouvrage,
Et où le ciel versa sa bénigne faveur,

Las ! au lieu de ce gant qui reçoit tant d’honneur
Que d’embrasser ce qui m’enflamme le courage,
Permettez qu’à présent j’aie cet avantage
Que d’être le gardien d’une telle valeur.

Si vous aimez le froid, je suis la froideur même,
Si vous cherchez le chaud, j’ai un feu si extrême
Qu’il enflammerait bien l’air, la terre et les cieux.

Faites donc, je vous prie, que mon désir advienne,
Ou si vous refusez, je supplierai les dieux,
Ô délicate main, que le gant je devienne !

Recueil : Les loyalles et pudiques amours

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