Ballade de la vieillesse

Puis que je sens que Vieillesse à moy vient
Et Jeunesse me laisse et si m’oublie,
Prendre congé des armes me convient,
Car ma puissance si m’est du tout faillie.
Mon fait ne vault desormais une oublie ;
Tel desjeuner ne quiert que le polet,
Mieulx me vauldrait manger ung euf molet
Pour soustenir mon corps en bon propos.
Je suis maistre, j’estoye meilleur varlet ;
Je ne quiers plus que l’aise et le repos.

Quant du bon temps passé il me souvient,
Que nous allions chasser à l’acropie.
Et ou printemps que chascun en aviens
Que nous allions querir les nidz de pie,
Et maintenant j’ay au nez la roupie,
Nulles dens n’ay, je mangeue soupe en laict,
Pourré je suis et si ay mantelet,
Emprès le feu vin et eaue en deux potz,
Les mains me tremblent et bois au gobelet ;
Je ne quiers plus que l’aise et le repos.

A m’amye ! ce temps la plus ne revient,
Se l’attendons, c’est à nous grant folye,
Aller s’en fault sans sçavoir qu’on devient,
Crier nous fault : ‘Oublye, oublye, oublye !’
Mon desjeuner si sera de boulye,
Des jeux Sainct Mort j’ay prins le chapelet,
Je sçay trop bien que ce jeu vous est lait.
Adieu, Amours, et à tous ses suppos ;
Ne m’amenez Margot ne Ysabelet ;
Je ne quiers plus que l’aise et le repos.

Prince, l’aage en ce point si me mect,
J’estudie kalendriers et compost,
Medecine de mon fait s’entremet,
Je ne quiers plus que l’aise et le repos.

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