C’est ores, mon Vineus, mon cher Vineus, c’est ore

C’est ores, mon Vineus, mon cher Vineus, c’est ore,
Que de tous les chétifs le plus chétif je suis,
Et que ce que j’étais, plus être je ne puis,
Ayant perdu mon temps, et ma jeunesse encore.

La pauvreté me suit, le souci me dévore,
Tristes me sont les jours, et plus tristes les nuits.
O que je suis comblé de regrets et d’ennuis !
Plût à Dieu que je fusse un Pasquin ou Marphore,

Je n’aurais sentiment du malheur qui me point :
Ma plume serait libre et si ne craindrais point
Qu’un plus grand contre moi pût exercer son ire.

Assuretoi, Vineus, que celui seul est roi
A qui même les rois ne peuvent donner loi,
Et qui peut d’un chacun à son plaisir écrire.

Les Regrets

Voter pour ce poème!

Joachim du Bellay Apprenti Poète

Par Joachim du Bellay

Joachim du Bellay ou Joachim Du Bellay est un poète français né vers 1522 à Liré en Anjou et mort le 1ᵉʳ janvier 1560 à Paris.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Les mots sont des étoiles qui illuminent notre ciel littéraire. Ajoutez votre lumière, comme Claudel.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Ô nuict, heureuse nuict, plus blanche que l’aurore

Quand j’ose voir Madame, Amour guerre me livre