D’où vient cela, Mauny, que tant plus on s’efforce

Sonnet LXXXVII.

D’où vient cela, Mauny, que tant plus on s’efforce
D’échapper hors d’ici, plus le démon du lieu
(Et que serait-ce donc, si ce n’est quelque dieu ?)
Nous y tient attachés par une douce force ?

Serait-ce point d’amour cette alléchante amorce,
Ou quelque autre venin, dont après avoir beu
Nous sentons nos esprits nous laisser peu à peu,
Comme un corps qui se perd sous une neuve écorce ?

J’ai voulu mille fois de ce lieu m’étranger,
Mais je sens mes cheveux en feuilles se changer,
Des bras en longs rameaux, et mes pieds en racine.

Bref, je ne suis plus rien qu’un vieux tronc animé,
Qui se plaint de se voir à ce bord transformé,
Comme le myrte anglais au rivage d’Alcine.

Voter pour ce poème!

Le poème est un voyage, une aventure de l'esprit. Partagez votre voyage en laissant votre trace ici

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

S’abonner
Notifier de
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments