Sur un chapelet de roses du Bembe

Tu m’as fait un chapeau de roses
Qui semblent tes deux lèvres closes,
Et de lis fraîchement cueillis
Qui semblent tes beaux doigts polis,
Les liant d’un fil d’or ensemble,
Qui à tes blonds cheveux ressemble.
Mais si, jeune, tu entendais
L’ouvrage qu’ont tissu tes doigts,
Tu ferais, peut être, plus sage
A prévoir, ton futur dommage.
Ces roses plus ne rougiront,
Et ces lis plus ne blanchiront
La fleur des ans, qui peu séjourne,
S’en fuit, et jamais ne retourne,
Et le fil te montre combien
La vie est un fragile bien.
Pourquoi donc m’es tu si rebelle ?
Mais pourquoi t’es tu si cruelle ?
Si tu n’as point pitié de moi,
Aie au moins pitié de toi.

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