Épopée

Une épopée est un long poème d’envergure nationale narrant les exploits historiques ou mythiques d’un héros ou d’un peuple.

Le terme d’épopée peut, par extension, renvoyer à une suite de hauts-faits militaires et à la littérature qui y est relative. On parle ainsi d’épopée napoléonienne, l’épopée de Gilgamesh ou l’épopée d’Ulysse.

Par extension également, un grand nombre de poèmes particulièrement longs, comme Evangéline de Longfellow ou la Divine Comédie de Dante, sont qualifiées d’épopées, bien que ne correspondant pas nécessairement aux caractéristiques traditionnelles du genre. De même, de nombreux textes, poèmes ou romans, à l’instar du Dit du Genji, ont pu être dits épiques en raison de leur dimension fondatrice ou de leur importance majeure dans la culture d’un peuple.

Caractéristiques de l’épopée

L’épopée se rattache originellement à une tradition orale, transmise par des aèdes itinérants, griots, chamans, conteurs, bardes ou troubadours. Elle était certainement dite ou psalmodiée sur une musique monocorde, parfois chantée. D’abord retranscription de fragments récités, parfois à partir de sources différentes, elle devient par la suite un genre littéraire en soi, l’œuvre d’un seul auteur, qui continue cependant souvent à utiliser des procédés hérités de la tradition orale. On peut ainsi distinguer épopées primaires ou populaires et épopées secondaires, également dites épopées littéraires.

Puisant ses sources dans l’Histoire, l’épopée s’en distingue notamment par le souci de la part de son auteur de créer une œuvre relatant des faits vraisemblables, et non pas de relater des faits réels comme l’historien. Ses relations avec la réalité historique sont donc très variables, au point que le poème épique inclut fréquemment une dimension merveilleuse, son contenu tanguant de l’Histoire au mythe et du mythe à l’Histoire[réf. nécessaire].

Parce que le poème épique est principalement destiné à faire l’éloge d’un peuple ou d’un héros national, se devant de surmonter maintes épreuves, guerrières comme intellectuelles, pour atteindre ses objectifs, le poète se permet de nombreux artifices, figures de style, dont l’hyperbole occupe une part importante. Ces ornements confèrent également à l’œuvre plus de vie et constituent tout son caractère poétique.

La poésie épique « centrée sur la troisième personne, met fortement à contribution la fonction référentielle » du langage – c’est-à-dire qu’elle peint un monde, des événements (tandis que la poésie lyrique privilégie plutôt l’expression des émotions d’un Je, et que la poésie dramatique met en scène un dialogue, où domine le « tu »), donc que le poète n’y doit pas se mettre en avant, mais au contraire s’effacer devant son récit et les personnages qu’il met en scène.

Selon Hegel, qui parle de « Bible d’un peuple », l’épopée a une forte dimension fondatrice. Elle narre un épisode « lié au monde en lui-même total d’une nation ou d’une époque », dont elle constitue « les véritables fondations de la conscience ». C’est à ce titre qu’elle se déroule sur un « sol ouvert en lui-même à des conflits entre des nations entières ».

« Partout en Europe, on écrit, on cherche et on découvre des épopées, qu’il s’agisse de nouveaux ou d’anciens mythes, matières ou textes. On peut citer à titre d’exemples Don Juan de George Gordon Byron, Hermann und Dorothea de Goethe, la redécouverte de la chanson des Nibelungen, la production de l’épopée nationale finlandaise Kalevala ou encore de grands projets de roman à vision épique : la Comédie humaine de Balzac ou Voina i mir (La Guerre et la Paix) de Léon Tolstoi ».