Lumières sur l’eau éteinte

L’homme est entré en moi il y a vingt et un ans

A la porte ! ordonne ma nostalgie

Trouble-fête

Ton évidence était maléfique

Et chacune de tes hypostases un déni de justice

La trace de tes pas ne vaut pas le vent qui l’efface

Grandeur douce à la mort

Qu’un homme trahisse son espèce transfigure votre avenir

Et toi

Femme

Séparée du monde représenté par ta volonté de dépassement

Tu sépares l’homme de lui-même en projetant sur lui ta

lumière incréée
Douce à la mort
Tu lèves l’interdit qui pèse sur mon suicide

Chassée comme un chien
L’ombre de l’anti-soleil de l’amour
Est désertée par l’immanence des amants
Chassée comme un chien

La transcendance se réincarne et leur donne le mot de

passe
Aigle déployé sur le cratère vide de leur moi hanté par

l’amour comme la lune par l’éclipsé À la grande nuit comme à la grande nuit
Soucieuse comme personne
Mon amante cherche à perdre l’existence en moi pour

retrouver l’essence en elle

À la grande nuit comme à la grande nuit
Soucieuse comme personne au monde
Mon amante déporte le monde et fait que lentement il agonise

Par elle

Pour la première fois la promesse ontologique est tenue
L’être a abdiqué en faveur d’un absent
Lèvres écumantes — hystérique — le cynique est expulsé de la
Salle de jeu

De longue date exaspéré par les manques —
Je reste à l’extrémité de la longue table où (Souveraine dont l’abdication en faveur d’un absent

détermine l’orgasme)
Ma maîtresse amincie dans l’ascèse écarte les jambes

Toi — dont l’universel
Nada constitue l’empire —
Tu déséquilibres la balance de ma vie en te substituant à mon suicide

Comme à l’aube d’une fête romantique
Un visage adoré à son masque impassible

Le théâtre s’est vidé comme une éponge
Seules dans les coulisses quelques portes battent encore !
Tu peux crier, maintenant :

On a mis entre parenthèses l’idée que je me fais de la parole dernière

Voter pour ce poème!

Nérée Beauchemin Apprenti Poète

Par Alain Jouffroy

Alain Jouffroy est un poète, écrivain et critique d'art français né le 11 septembre 1928 à Paris et mort le 20 décembre 2015 dans la même ville.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Chaque commentaire est une goutte de pluie dans notre océan de poésie. Ajoutez votre averse, à la manière de Hugo.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Cet huissier, qui jetait, l’été

Les Travailleurs de la Nuit