Nuit tombante

À Jules de Blanzay.

Dans les eaux sans reflet d’une boueuse mare,
Le froid soleil d’hiver, brusquement descendu,
Comme un astre honteux de sa lumière avare.
Sous un tas de roseaux frissonnants s’est perdu.

Je reconnais encor, dans une vapeur grise,
Un rang de peupliers qui se profile en noir.
Tantôt droit, et tantôt souffleté par la bise ;
Mais à mes pieds la route est impossible à voir.

Pas un son d’Angélus dans la campagne nue,
Et pas un maigre feu de pâtre s’allumant. —
Je traverse en aveugle une lande inconnue,
Dans un pays désert. — Pas un seul aboiement.

Mais là-haut, dans le ciel, une étrange voix parle,
Et semble articuler des mots incohérents,
Monologue inquiet d’un cygne ou d’un grand harle
Qui cherche dans la nuit ses compagnons errants.

Cette grave clameur descend au marécage
Dont le voyageur las a flairé les roseaux. —
Plus rien n’émeut le froid et sombre paysage : —
Nuit partout, dans le ciel, sur la terre et les eaux.

Voter pour ce poème!

Nérée Beauchemin Apprenti Poète

Par André Lemoyne

Camille-André Lemoyne, né à Saint-Jean-d'Angély le 27 novembre 1822 et mort 28 février 1907 dans cette même ville, est un poète et romancier français.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Les poèmes sont des échappatoires vers d'autres mondes. Ouvrez une porte, comme le faisait Saint-Exupéry, et entrez.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

A un poète

Rosaire d’amour