Novembre

Beaux jours, vous n’avez qu’un temps,
Et souvent qu’une heure !
Quand gémissent les autans,
Il faut que tout meure. —
Calme-toi, cœur agité ;
Fleurs, oiseaux, joie et santé,
S’en vont ! — Dieu demeure.

Doux soleil aux rayons d’or
Égayant la chambre,
Rive où le chagrin s’endort,
Vergers couleur d’ambre,
Lac si pur, contours chéris,
Monts riants, sentiers fleuris,
Adieu ! — c’est Novembre.

Ô solitude des bois,
Calme et recueillie,
Aujourd’hui nue et sans voix,
De brouillard remplie,
Mon cœur frémit en secret,
Car en lui monte, ô forêt,
Ta mélancolie !

Frais lointains, aubes de feu,
Chants dans la vallée,
Couchants de pourpre, ciel bleu
Et nuit étoilée,
Adieu ! Novembre est vainqueur. —
Tu te voiles dans mon cœur,
Nature voilée !

Tout est gris, morne et désert :
Au ciel, plus de flamme,
Dans les champs, plus rien de vert !
Quel est donc ce drame ? —
Nature, en tes traits pâlis,
L’œil humide, hélas ! je lis
L’histoire de l’âme.

Mais le printemps reviendra
Guérir qui se traîne !
La beauté refleurira
Sur ton front, ô reine ! —
Dans ma nuit, ainsi que toi,
Je veux descendre avec foi,
Nature sereine !

Voter pour ce poème!

Henri-Frédéric Amiel Apprenti Poète

Par Henri-Frédéric Amiel

Henri-Frédéric Amiel est un écrivain et philosophe suisse, auteur d'un journal intime exceptionnel tant par son volume que par la valeur et l'universalité de son message.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Laissez la muse vous guider, comme elle l'a fait pour Lamartine. Commentez et émerveillez-nous.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Notre chef-d’œuvre

Petit toit