Le bouvreuil et le corbeau

Un bouvreuil, un corbeau, chacun dans une cage,
Habitaient le même logis.
L’un enchantait par son ramage
La femme, le mari, les gens, tout le ménage :
L’autre les fatiguait sans cesse de ses cris ;
Il demandait du pain, du rôti, du fromage,
Qu’on se pressait de lui porter,
Afin qu’il voulût bien se taire.
Le timide bouvreuil ne faisait que chanter,
Et ne demandait rien : aussi, pour l’ordinaire,
On l’oubliait ; le pauvre oiseau
Manquait souvent de grain et d’eau.
Ceux qui louaient le plus de son chant l’harmonie
N’auraient pas fait le moindre pas
Pour voir si l’auge était remplie.
Ils l’aimaient bien pourtant, mais ils n’y pensaient pas.
Un jour on le trouva mort de faim dans sa cage.
Ah ! Quel malheur ! Dit-on : las ! Il chantait si bien !
De quoi donc est-il mort ? Certes, c’est grand dommage !
Le corbeau crie encore et ne manque de rien.

Voter pour ce poème!

Jean-Pierre Claris de Florian Apprenti Poète

Par Jean-Pierre Claris de Florian

Jean-Pierre Claris de Florian, né à Sauve le 6 mars 1755 et mort à Sceaux le 13 septembre 1794, est un auteur dramatique, romancier, poète et fabuliste français.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Laissez l'encre de vos pensées couler sur nos pages virtuelles. Écrivez avec passion.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Le château de cartes

La taupe et le lapin