Ores qu’on voit le Ciel

Sonnet LXXXIV.

Ores qu’on voit le Ciel en cent mille bouchons
Cracheter sur la terre une blanche dragée,
Et que du gris hyver la perruque chargée
Enfarine les champs de neige, et de glaçons,

Je veux garder la chambre, et en mille façons
Meurtrir de coups plombez ma poitrine outragée,
Rendre de moy sans tort ma Diane vengée,
Crier mercy sans faute en ces tristes chansons.

La nue face effort de se crever, si ay-je
Beaucoup plus de tormentz qu’elle de brins de neige :
Combien que quelquefois ma peine continue,

Des yeux de ma beauté sente l’embrassement,
La neige aux chauds rayons du soleil diminue,
Aux feux de mon soleil j’empire mon torment.

1. Torment : Tourment.

Voter pour ce poème!

Théodore Agrippa d'Aubigné Apprenti Poète

Par Théodore Agrippa d'Aubigné

Théodore Agrippa d’Aubigné, né le 8 février 1552 au château de Saint-Maury près de Pons, en Saintonge, et mort le 9 mai 1630 à Genève, est un homme de guerre, un écrivain controversiste et poète baroque français.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Les poètes sont les gardiens des rêves. Rejoignez notre confrérie, comme un Rimbaud moderne, et rêvez avec nous.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

On ne voit rien au Ciel, en la terre pezante

Oui, je suis proprement à ton nom immortel