La jeune fille

Brune à la taille svelte, aux grands yeux noirs, brillants,
À la lèvre rieuse, aux gestes sémillants,
Blonde aux yeux bleus rêveurs, à la peau rose et blanche,
La jeune fille plaît : ou réservée ou franche,
Mélancolique ou gaie, il n’importe ; le don
De charmer est le sien, autant par l’abandon
Que par la retenue ; en Occident, Sylphide,
En Orient, Péri, vertueuse, perfide,
Sous l’arcade moresque en face d’un ciel bleu,
Sous l’ogive gothique assise auprès du feu,
Ou qui chante, ou qui file, elle plaît ; nos pensées
Et nos heures, pourtant si vite dépensées,
Sont pour elle. Jamais, imprégné de fraîcheur,
Sur nos yeux endormis un rêve de bonheur
Ne passe fugitif, comme l’ombre du cygne
Sur le miroir des lacs, qu’elle n’en soit, d’un signe
Nous appelant vers elle, et murmurant des mots
Magiques, dont un seul enchante tous nos maux.
Éveillés, sa gaîté dissipe nos alarmes,
Et lorsque la douleur nous arrache des larmes,
Son baiser à l’instant les tarit dans nos yeux.
La jeune fille ! — elle est un souvenir des cieux,
Au tissu de la vie une fleur d’or brodée,
Un rayon de soleil qui sourit dans l’ondée !

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Théophile Gautier Apprenti Poète

Par Théophile Gautier

Théophile Gautier, né à Tarbes le 30 août 1811 et mort à Neuilly-sur-Seine le 23 octobre 1872, est un poète, romancier et critique d'art français. Né à Tarbes, Théophile Gautier est cependant parisien depuis sa plus jeune enfance.

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