La Rosée

 

Je m’allongeai sous la fraîche odeur des tilleuls,
Une rosée au bras, un pied dans les glaïeuls,
L’esprit clair. Couché sous ce vent, les yeux ouverts,
Je suivais une abeille au cœur des primevères.

Le ciel dansait dans un cadre mouvant d’herbe ;
Et la rosée observa de sa jolie voix :
« Il a les joues encore plus pourpres que moi »
Je souris ; cachée sous les ondoiements superbes

Des cheveux de l’été envahis de pénombre,
Sa main prit la mienne. Deux est un si beau nombre !
Des trilles allègres me parvenaient de loin.

Nous nous regardâmes d’un malicieux humour ;
Engourdi de vigueur, nos deux jeunes corps joints,
Je succombai au violent élan de l’amour !

Thibault Desbordes

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