Les Empaillés

Non qu’éprouve l’idée du vice
À l’averse d’ennui qui mord,
L’écluse sèche a la malice
D’empailler les oiseaux retords.

Ainsi noyés, et l’œil luisant
– Verre ou larmes, l’on ne sait trop ‒,
Ils n’ont de l’éclat séduisant
Qu’à peine un suc sous les haros.

D’indomptables, grands volatiles
Croulent sous l’attrait des poussières ;
Leurs belles ailes immobiles
Ont des garrots comme brassières.

Quand au soir, sous le jeu des ombres,
Leur bec muet s’entrouvre et sonne ;
Ignorant tout : leur nom, leur nombre,
Ne murmurant que des consonnes,

Nous pouvons quelquefois entendre
‒ Du moins le disait-on jadis ‒
Un chant étrange, et voir s’étendre
Encore une aile sur l’abysse !

Thibault Desbordes

Voter pour ce poème!

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Les poètes tissent leur toile de mots. Ajoutez un fil précieux avec votre commentaire.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Amour, lors que premier ma franchise fut morte

L’Astrologue qui se laisse tomber dans un puits