Lupercus

Lupercus, du plus loin qu’il me voit : Cher poète, Ta nouvelle épigramme est du meilleur latin ; Dis, veuxtu, j’enverrai chez toi demain matin, Me prêter les rouleaux de ton oeuvre complète ? Non. Ton esclave boite, il est vieux, il halète, Mes escaliers sont durs et mon logis lointain ; Ne demeurestu pas…

Nessus

Du temps que je vivais à mes frères pareil Et comme eux ignorant d’un sort meilleur ou pire, Les monts Thessaliens étaient mon vague empire Et leurs torrents glacés lavaient mon poil vermeil. Tel j’ai grandi, beau, libre, heureux, sous le soleil ; Seule, éparse dans l’air que ma narine aspire, La chaleureuse odeur des…

Nymphée

Le quadrige céleste à l’horizon descend, Et, voyant fuir sous lui l’occidentale arène, Le Dieu retient en vain de la quadruple rêne Ses étalons cabrés dans l’or incandescent. Le char plonge. La mer, de son soupir puissant, Emplit le ciel sonore où la pourpre se traîne, Tandis qu’à l’Est d’où vient la grande nuit sereine…

La chasse

Le quadrige, au galop de ses étalons blancs, Monte au faîte du ciel, et les chaudes haleines Ont fait onduler l’or bariolé des plaines. La Terre sent la flamme immense ardre ses flancs. La forêt masse en vain ses feuillages plus lents ; Le Soleil, à travers les cimes incertaines Et l’ombre où rit le…

Les conquérants

Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal, Fatigués de porter leurs misères hautaines, De Palos de Moguer, routiers et capitaines Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal. Ils allaient conquérir le fabuleux métal Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines, Et les vents alizés inclinaient leurs antennes Aux bords mystérieux du monde Occidental….

Tranquillus

C’est dans ce doux pays qu’a vécu Suétone ; Et de l’humble villa voisine de Tibur, Parmi la vigne, il reste encore un pan de mur, Un arceau ruiné que le pampre festonne. C’est là qu’il se plaisait à venir, chaque automne, Loin de Rome, aux rayons des derniers ciels d’azur, Vendanger ses ormeaux qu’alourdit…