Ce n’est pas moy qui sçait d’une voix feinte, …

Ce n’est pas moy qui sçait d’une voix feinte,
Ou d’un semblant traitrement deguisé,
Feindre mon cueur d’un amour embrasé,
Pour à tous vents la flamme en estre esteinte.
Autre’que moy d’une menteuse plainte
Aura l’honneur des dames abusé,
Car soisje pris, ou soisje refusé,
J’ayme tousjours d’une amitié plus sainte.
Et si chantant d’une debile voix,
Ou si pleurant devant vous quelque fois,
J’ay decelé mon amour et ma peine,
Asseurezvous que le cueur qui sentoit
Un plus grand mal, mon chant ne desmentoit :
Ne rendez donc mon espérance vaine.

Les Soupirs

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