Les Plus Lus

  • Les saxophones

    J’ai plusieurs vies. Dans la meilleure, Comète entre les crocs, je suis serpent. Et dans les autres, suivant l’heure. Fétiche en or, dieu qui se pend. Je suis un arbre aux branches folles, L’épouvantail, le sous-marin… J’ai plusieurs morts. Une parole Suffit à me tuer. Je crains La neige et l’azur trop lucides. Je suis […] Plus

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  • L’escroc

    Une désinvolture, comme pour dire : « Excusez-moi, si mon cadavre vous dérange ; j’aurais dû, je suppose, mourir ailleurs. » Une légèreté, comme si, très déçu d’être homme, on aurait fait l’effort de devenir oiseau : par exemple palombe ou cormoran. Un tour de valse, tout seul, devant quelque miroir, comme pour suggérer que […] Plus

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  • Un film

    Maintenant que ma vie touche à son terme, un réalisateur veut en tirer un film de quelque cent minutes ; accepterais-je d’y tenir mon rôle : il conviendrait d’accentuer les tics nerveux et de souffrir de manière esthétique ? Je ne dois plus écrire mes poèmes sur mes genoux, le dos courbé. En revanche, le […] Plus

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  • Meuble

    J’ai fait l’effort en moi d’une métamorphose et me voici divan : j’aurais pu être un miroir, un wagon, la chose qui nie l’être vivant, un sceau, un sécateur, la lampe qui s’éclaire, une simple maison. Je n’ai plus de conscience et je ne désespère jamais de ma raison. Je suis ce que je suis […] Plus

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  • Les bottines

    Vécut sur le rivage une bottine En peau de météore. Mesurait Dix-huit mètres quarante. Était encline Aux générosités. Pour les marais Fut une amie. Lorsque vint la banquise Aux dents de fer, sans se plaindre émigra Chez les volcans. Se voulut plus éprise De ses voisins : les orchidées, les rats. Changea d’avis. Se déplut. […] Plus

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  • Une autre époque

    Je refuse de vivre à mon époque et me suis installé à la cour de Laurent le Magnifique ; ce bond de plusieurs siècles m’a valu d’être peint quatre fois par Filippo Lippi. Lorsque les charmes florentins m’eurent lassé, j’ai remonté le cours du temps pour saluer les philosophes grecs. Une saison durant je fus […] Plus

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  • Vous êtes moi

    Suis-je moi, suis-je vous ? Un être est-il composé de mille êtres ? Je me divise afin de me multiplier. Je suis la foule : trop de bras, trop de jambes, trop de crânes qui s’ouvrent je ne sais sur combien d’insectes noirs. Je suis aussi la solitude, jusqu’à me fondre dans la nuit. Je […] Plus

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  • Il faut aimer

    Il faut aimer, donc j’aime les érables, dans l’aube aux parfums de velours. Il faut aimer, donc j’aime l’impalpable et l’imprévu, sans le secours de la raison. Il faut aimer, donc j’aime ce qui ne saurait exister : l’île dansante et les pierres qu’on sème, avec l’espoir de récolter une âme douce et de guingois. […] Plus

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  • Verlaine

    Verlaine tout à l’heure est venu boire un coup, et bavarder d’amours trop lasses pour un cœur qui ne bat désormais que sans goût la vie est dégueulasse. Il a l’haleine torve et le pinard mauvais ; sa jambe est comme un bois qu’il traîne dans le brouillard de son esprit : ah, s’il savait […] Plus

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  • Combien sont-ils?

    Combien sont-ils au fond de moi ? Une peuplade : le je, le toi, l’aller ego, l’être établi, le sous-être nomade, le petit gars, le saligaud. Combien sont-ils dans chaque mot, qui me dépècent comme un cochon qu’on a lardé ? L’anonyme, le nul, la brute épaisse, la vierge et le joueur de dés. Combien […] Plus

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  • Repeindre les poemes

    On détrône le Roi. Détrône-t-on les poèmes indignes ? On rebaptise le Royaume. Et les poèmes, qui ose les rebaptiser ? Les insurgés, à l’hôpital, reçoivent quelques soins. Qui soignera tous ces poèmes, couverts de sang ? On reconstruit la capitale. Et les poèmes, qui va les reconstruire ? On élargit les rues, mais on […] Plus

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  • L’obstacle des mots

    Entre la mort et moi, j’ai dressé quelques mots, que j’ai voulus, la gueule en feu, comme des chiens qui se disputent l’antilope. Ils n’ont pas su me protéger. La mort leur a tendu des sucreries, et ils se sont couchés, obéissants. Je vais devoir me battre seul. La mort peut se montrer clémente. Aucun […] Plus

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