Chanson 1 – Chanson

Douce amie, je n’en peux plus.
Je vous quitte le cœur lourd.
En vrai deuil de vous je pleure.
De ne point vous embrasser
M’est un bien cruel tourment
Quand d’Amour je me sépare !

Vous connaissez ma passion,
Je n’ai jamais tant aimé.
Pour vous le faire savoir
Je n’ai point de messager.
Je pars.
Je vous recommande À
Dieu,
Seigneur des
Esprits.

Comment donc ne point souffrir
De voir notre union s’éteindre ?
Je vais en pays lointain.
Plutôt que figue et châtaigne
Dans la chaleur du vallon
Mieux me valent froids et monts.

Là-bas, triste, mon corps va
Mais mon esprit reste là
J’ai tant froncé les sourcils
Que la racine m’en brûle.
Qui nous sépara fit mal,
Plus jamais n’aurai d’amie.

Quand le sommeil me prendra
Je serai certes guéri
S’il me ramène vers elle
Sous l’aspect d’une perdrix.
Ah ! baiser l’arc de ses yeux.
Ses joues, aux frais coloris.

Au loin douceur m’est brûlure
Bel accueil m’est insultant.
Abondance m’est famine
Et le jour profonde nuit.
Ma jeunesse se flétrit,
J’en ai douleur et tristesse.

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Par Peire De Rogiers

Pierre de Rougier ou Peire Rogiers, né vers 1145 à Clermont, en Auvergne et décédé après 1197 près de Lodève, est un troubadour de langue occitane des écoles auvergnate et limousine.

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