Sur un hôte douteux

Ses disciples chantent : Il revient le Sauveur des hommes  : Il vêt un autre habit de chair. L’étoile, tombée du plus haut ciel a fécondé la Vierge choisie. Et il va renaître parmi nous.
Temps bénis où la douleur recule ! Temps de gloire où la Roue de la Loi courant sur l’Empire conquis va traîner tous les êtres hors du monde illusoire.
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L’Empereur dit : Qu’il revienne, et je le recevrai, et je l’accueillerai comme un hôte.
Comme un hôte petit, qu’on gratifie d’une petite audience, — pour la coutume, — et d’un repas et d’un habit et d’une perruque afin d’orner sa tête rase.
Comme un hôte douteux que l’on surveille ; que l’on reconduit bien vite là d’où il vient, pour qu’il ne soudoie personne.
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Car l’Empire, qui est le monde sous le Ciel, n’est pas fait d’illusoire : le bonheur est le prix, seul, du bon gouvernement.
Que fut-il, celui qu’on annonce, le Bouddha, le Seigneur Fô ? Pas même un lettré poli,
Mais un barbare qui connut mal ses devoirs de sujet et devint le plus mauvais des fils.

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Victor Segalen Apprenti Poète

Par Victor Segalen

Né à Brest en 1878, médecin de marine, archéologue, critique d'art, Victor Segalen est avant tout poète. Pour lui, vivre, voyager et écrire ne font qu'un. Sa vie est marquée par le mystère : écrivain du secret, il en protège l'intimité et meurt à quarante et un ans dans la forêt du Huelgoat, d'une mort aussi insolite que son oeuvre.

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