Les Plus Lus

  • Je polis une chanson

    Je creuse mon poème où sont mes paradis : voyez le faon qui nage et les vers inédits qui me viennent ce soir comme des personnages, les bras pleins de cadeaux, à la fin d’une fête. Je polis ma chanson : un meuble que je prête à mes démons secrets. J’y trouve un hérisson, un […] Plus

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  • Le rÔle du scribe

    Je ne suis pas l’auteur de ce poème, mais simplement le scribe qui l’a traduit d’une langue inconnue : j’ai commis tant d’erreurs et tant de contresens, qu’il ne saurait me pardonner ! Je me tiens dans sa marge, diligent, attentif: a-t-il besoin d’une virgule, d’un synonyme rare ? Malgré ses airs de grand seigneur, […] Plus

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  • La bohême

    La peste ravageait les villes de Bohême. Pas de bouche inutile : on pendait les enfants, et les vieillards allaient, joyeux, à la fosse commune. Dans Prague, un prêtre m’initiait à la sorcellerie. La Guerre de Trente Ans se prolongeait. Un faucon sur l’épaule, je parcourais — cheval perdant ses tripes — les hameaux qui […] Plus

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  • Les factures

    Ce matin, le facteur m’apporte, par recommandé, quatre factures. Je paierai l’impôt sur ma naissance, qui est un demi-luxe : j’en conviens. Je paierai aussi celle qui couvre le choix de ma biographie : après tout, j’aurais dû laisser la place à quelqu’un d’autre et me choisir une plus belle époque. La troisième facture me […] Plus

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  • Sous scellés

    Serais-je une âme sous séquestre, un corps qui n’admet pas de corps ? Je défenestre l’être en moi qui survit à mon remords. Aucun de mes cœurs ne s’apaise ; il en est un que j’ai plombé : si je le pèse, je n’aurai plus de sang pour exhiber ni mon orgueil ni ma bassesse. […] Plus

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  • Une dame

    Asseyez-vous, Madame, dans ce fauteuil au cuir si frais. Prenez ces reines-claudes, Ces roses-thé aussi, qui s’harmonisent avec votre corsage. Nous nous sommes connus à bord de quel navire ? Bien sûr, j’ai enseigné le russe, l’amour courtois, les poètes baroques : c’était au cœur d’un autre continent. Vous êtes veuve et vous avez perdu […] Plus

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  • L’avarie

    Je ne suis plus qu’une avarie : l’eczéma, la tumeur de l’œil gauche, la varice à la place du cou, l’apoplexie au moment du baiser. Je ne suis plus qu’un griffonnage : la diphtongue réduite au silence, le mot qui ne veut pas traduire la tendresse des choses, une bible interdite aux adultes. Je ne […] Plus

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  • Chirurgies

    Voici venu le temps des chirurgies. Entre ma vésicule et mes poumons, on a trouvé une excroissance : après un long sommeil, c’est mon âme, je sais, qui s’est mise à grandir. Je vous serais reconnaissant de ne pas l’amputer. Vous me dites aussi : « Votre cœur est trop gros ; il risque à […] Plus

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  • La chaÎne

    Je ne peux dire qui commence mes poèmes : est-ce le vent, est-ce une sorte de musique, une mémoire sans corps ni forme ? Je sais que je les continue avec joie, avec peine : je leur apporte une syllabe, je leur enlève un verbe trop pesant, je les voudrais pleins de mystère. Je suis […] Plus

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  • La longue liste

    Votre liste est si longue ! Shelley qui épouse la cendre. Keats, le meilleur ami de l’être et du non-être. Pouchkine, assassiné de défendre l’amour. Lermontov et sa vie à pile ou face. Tristan Corbière qui se prenait pour sa caricature. Lautréamont qui refusait tous les visages. Péguy fauché comme avoine et froment. Apollinaire à […] Plus

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  • Portrait de l’auteur en hanneton

    Parmi les vingt ou vingt-cinq vies que j’ai vécues et qui, j’en suis certain, ne sauraient présenter le moindre attrait pour les bons citoyens, il en est une qui m’a laissé rêveur. J’étais ces années-là un hanneton. Je rampais au hasard sur un pétale, sur un objet rugueux, sur le bras nu d’une femme très […] Plus

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  • Malentendus

    Un baiser pour un autre. Un bas-ventre à la place d’un sein. Un serment qui se trompe de mots. Je ne peux plus sortir de mon indifférence. Un fleuve qui se perd sous les pavés. Un horizon couché devant la porte. Une ville qui fuit comme un renard. Je suis si fatigué par ces mystères […] Plus

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