Le beau soleil, le jour saint Valentin

Le beau soleil, le jour saint Valentin,
Qui apportoit sa chandelle alumee,
N’a pas longtemps entra un bien matin
Priveement en ma chambre fermee.
Celle clarté qu’il avoit apportee,
Si m’esveilla du somme de soussy
Ou j’avoye toute la nuit dormy
Sur le dur lit d’ennuieuse pensee.

Ce jour aussi, pour partir leur butin
Les biens d’Amours, faisoient assemblee
Tous les oyseaulx qui, parlans leur latin,
Crioyent fort, demandans la livree
Que Nature leur avoit ordonnee
C’estoit d’un per (1) comme chascun choisy.
Si ne me peu rendormir, pour leur cry,
Sur le dur lit d’ennuieuse pensee.

Lors en moillant de larmes mon coessin
Je regrettay ma dure destinee,
Disant : « Oyseaulx, je vous voy en chemin
De tout plaisir et joye desiree.
Chascun de vous a per qui lui agree,
Et point n’en ay, car Mort, qui m’a trahy,
A prins mon per dont en dueil je languy
Sur le dur lit d’ennuieuse pensee. »

ENVOI

Saint Valentin choisissent ceste annee
Ceulx et celles de l’amoureux party.
Seul me tendray, de confort desgarny,
Sur le dur lit d’ennuieuse pensee.

1. Mommerie : Compagnon.

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Charles d'Orléans Apprenti Poète

Par Charles d'Orléans

Charles Iᵉʳ d'Orléans, né à Paris le 24 novembre 1394 et mort à Amboise le 5 janvier 1465, duc d'Orléans et de Valois, est un prince connu surtout pour ses œuvres poétiques écrites lors de sa longue captivité anglaise.

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