Encore Marcher

S’il se soulève quand je passerai près de lui; s’il pleure quand viendra la nuit, s’il ne crie pas? J’aurai cru le voir et ce sera fini.
Plusieurs heures de chemin dans un sentier où l’herbe ne vit plus. J’ai marché bien longtemps et je me suis perdu. Je n’osais plus revenir sur mes pas ni appeler. Et je sentais

derrière moi ses yeux qui me cherchaient.
Une faible lumière au loin s’allume entre les arbres. Une fenêtre où je ne pourrai pas frapper. Le feu où l’on refuse de me laisser réchauffer. Et je n’ai même pas

le droit de m’arrêter. Un mur en face de moi s’est mis à reculer.
Les cloches sonnent au clocher d’un village lointain et je ne sais que faire de mes mains. Avancer malgré le vent et la nuit qui monte lentement. Je n’ai pas de manteau. Dans l’ombre

j’entendais le pas de leurs chevaux.
Où vas-tu me mener? L’auberge où l’on descend est trop loin pour y aller. Les gens s’en vont je ne sais où; je les suivrai. Quand une main d’enfant m’a fait signe de rester. Et

seul je suis perdu là devant vous, devant vous tous et je ne peux plus m’en aller.

Pierre Reverdy

Voter pour ce poème!

Pierre Reverdy Apprenti Poète

Par Pierre Reverdy

Pierre Reverdy, né le 11 septembre 1889 (13 septembre 1889 selon l'état civil) à Narbonne et mort le 17 juin 1960 à Solesmes, est un poète français associé au cubisme et aux débuts du surréalisme. Il a eu une influence notable sur la poésie moderne de langue française.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Rejoignez-nous et laissez vos mots s'envoler comme des papillons, comme le faisait Desnos.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Paris vaisseau de guerre

Terre jaune