Le Pressoir

À Auguste Vitu
Sans doute elles vivaient, ces grappes mutilées

Qu’une aveugle machine a sans pitié foulées !

Ne souffraient-elles pas lorsque le dur pressoir

A déchiré leur chair du matin jusqu’au soir,

Et lorsque de leur sein, meurtri de flétrissures,

Leur pauvre âme a coulé par ces mille blessures ?

Les ceps luxuriants et le raisin vermeil

Des coteaux, ces beaux fruits que baisait le soleil,

Sur le sol à présent gisent, cadavre infâme

D’où se sont retirés le sourire et la flamme !

Sainte vigne, qu’importe ! à la clarté des cieux

Nous nous enivrerons de ton sang précieux !

Que le cœur du poète et la grappe qu’on souille

Ne soient plus qu’une triste et honteuse dépouille,

Qu’importe, si pour tous, au bruit d’un chant divin,

Ruisselle éblouissant le flot sacré du vin !
Mars 1842

Voter pour ce poème!

Théodore de Banville Apprenti Poète

Par Théodore de Banville

Etienne Jean Baptiste Claude Théodore Faullain de Banville, né le 14 mars 1823 à Moulins (Allier) et mort le 13 mars 1891 à Paris, est un poète, dramaturge et critique français. Célèbre pour les « Odes funambulesques » et « les Exilés », il est surnommé « le poète du bonheur ».

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Les mots sont des étoiles qui illuminent notre ciel littéraire. Ajoutez votre lumière, comme Claudel.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Sed non satiata

La ville jadis la ville naguère la ville passée