À une rose

Rose, rose-d’amour vannée,
Jamais fanée,
Le rouge-fin est ta couleur,
Ô fausse-fleur !

Feuille où pondent les journalistes
Un fait-divers,
Papier-Joseph, croquis d’artistes :
– Chiffres ou vers –

Cœur de parfum, montant arôme
Qui nous embaume…
Et ferait même avec succès,
Après décès ;

Grise l’amour de ton haleine,
Vapeur malsaine,
Vent de pastille-du-sérail,
Hanté par l’ail !

Ton épingle, épine-postiche,
Chaque nuit fiche
Le hanneton-d’or, ton amant…
Sensitive ouverte, arrosée
De fausses-perles de rosée,
En diamant !

Chaque jour palpite à la colle
De la corolle
Un papillon-coquelicot,
Pur calicot.

Rose-thé !… – Dans le grog, peut-être ! –
Tu dois renaître
Jaune, sous le fard du tampon,
Rose-pompon !

Vénus-Coton, née en pelote,
Un soir-matin,
Parmi l’écume… que culotte
Le clan rapin !

Rose-mousseuse, sur toi pousse
Souvent la mousse
De l’Aï….. Du BOCK plus souvent
– À 30 Cent.

– Un coup-de-soleil de la rampe !
Qui te retrempe ;
Un coup de pouce à ton grand air
Sur fil-de-fer !…

Va, gommeuse et gommée, ô rose
De couperose,
Fleurir les faux-cols et les cœurs,
Gilets vainqueurs !

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Tristan Corbière Apprenti Poète

Par Tristan Corbière

Édouard-Joachim Corbière, dit Tristan Corbière, né le 18 juillet 1845 à Ploujean et mort le 1ᵉʳ mars 1875 à Morlaix, est un poète français, proche du symbolisme, figure du « poète maudit ».

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