Complainte de Fantômas

1
Écoutez,… Faites silence…

La triste énumération

De tous les forfaits sans nom,

Des tortures, des violences

Toujours impunis, hélas !

Du criminel Fantômas.
2
Lady Beltham, sa maîtresse,

Le vit tuer son mari

Car il les avait surpris

Au milieu de leurs caresses.

Il coula le paquebot

Lancaster au fond des flots.
3
Cent personnes il assassine.

Mais Juve aidé de Fandor

Va lui faire subir son sort

Enfin sur la guillotine…

Mais un acteur, très bien grimé,

À sa place est exécuté.
4
Un phare dans la tempête

Croule, et les pauvres bateaux

font naufrage au fond de l’eau.

Mais surgissent quatre têtes :

Lady Beltham aux yeux d’or,

Fantômas, Juve et Fandor.
5
Le monstre avait une fille

Aussi Jolie qu’une fleur.

La douce Hélène au grand cœur

Ne tenait pas de sa famille,

Car elle sauva Fandor

Qu’était condamné à mort.
6
En consigne d’une gare

Un colis ensanglanté !

Un escroc est arrêté !

Qu’est devenu le cadavre ?

Le cadavre est bien vivant

C’est Fantômas, mes enfants !
7
Prisonnier dans une cloche

Sonnant un enterrement

Ainsi mourut son lieutenant.

Le sang de sa pauv’ caboche

Avec saphirs et diamants

Pleuvait sur les assistants.
8
Un beau jour des fontaines

Soudain chantèr’nt à Paris.

Le monde était surpris,

Ignorant que ces sirènes

De la Concorde enfermaient

Un roi captif qui pleurait.
9
Certain secret d’importance

Allait être dit au tzar.

Fantômas, lui, le reçut car

Ayant pris sa ressemblance

Il remplaçait l’empereur

Quand Juv’ l’arrêta sans peur.
10
Il fit tuer par la Toulouche,

Vieillarde aux yeux dégoûtants,

Un Anglais à grands coups de dents

Et le sang remplit sa bouche.

Puis il cacha un trésor

Dans les entrailles du mort.
11
Cette grande catastrophe

De l’autobus qui rentra

Dans la banque qu’on pilla

Dont on éventra les coffres…

Vous vous souvenez de ça?…

Ce fut lui qui l’agença.
12
La peste en épidémie

Ravage un grand paquebot

Tout seul au milieu des flots.

Quel spectacle de folie !

Agonies et morts hélas !

Qui a fait ca ? Fantômas.
13
Il tua un cocher de fiacre

Au siège il le ficela

Et roulant cahin-caha,

Malgré les clients qui sacrent,

Il ne s’arrêtait jamais

L’fiacre qu’un mort conduisait.
14
Méfiez-vous des roses noires,

Il en sort une langueur

Épuisante et l’on en meurt.

C’est une bien sombre histoire

Encore un triste forfait

De Fantômas en effet !
15
Il assassina la mère

De l’héroïque Fandor.

Quelle injustice du sort,

Douleur poignante et amère…

Il n’avait donc pas de cœur,

Cet infâme malfaiteur !
16
Du Dôme des Invalides

On volait l’or chaque nuit.

Qui c’était ? mais c’était lui,

L’auteur de ce plan cupide.

User aussi mal son temps

Quand on est intelligent !
17
À la Reine de Hollande

Même, il osa s’attaquer.

Juve le fit prisonnier

Ainsi que toute sa bande.

Mais il échappa pourtant

À un juste châtiment.
18
Pour effacer sa trace

Il se fit tailler des gants

Dans la peau d’un trophée sanglant,

Dans d’la peau de mains d’cadavre

Et c’était ce mort qu’accusaient

Les empreintes qu’on trouvait.
19
À Valmondois un fantôme

Sur la rivière marchait.

En vain Juve le cherchait.

Effrayant vieillards et mômes,

C’était Fantômas qui fuyait

Après l’coup qu’il avait fait.
20
La police d’Angleterre

Par lui fut mystifiée.

Mais, à la fin, arrêté,

Fut pendu et mis en terre.

Devinez qui arriva :

Le bandit en réchappa.
21
Dans la nuit sinistre et sombre,

À travers la Tour Eiffel,

Juv’ poursuit le criminel.

En vain guette-t-il son ombre.

Faisant un suprême effort

Fantômas échappe encor.
22
D’vant le casino d’Monte-Carlo

Un cuirassé évoluait.

Son commandant qui perdait

Voulait bombarder la rade.

Fantômas, c’est évident,

Était donc ce commandant.
23
Dans la mer un bateau sombre

Avec Fantômas à bord,

Hélène Juve et Fandor

Et des passagers sans nombre.

On ne sait s’ils sont tous morts,

Nul n’a retrouvé leurs corps.
24
Ceux de sa bande, Beaumôme,

Bec de Gaz et le Bedeau,

Le rempart du Montparno,

Ont fait trembler Paris, Rome

Et Londres par leurs exploits.

Se sont-ils soumis aux lois ?
25
Pour ceux du peuple et du monde,

J’ai écrit cette chanson

Sur Fantômas, dont le nom

Fait tout trembler à la ronde.

Maintenant, vivez longtemps,

Je le souhaite en partant.
FINAL
Allongeant son ombre immense

Sur le monde et sur Paris,

Quel est ce spectre aux yeux gris

Qui surgit dans le silence ?

Fantômas, serait-ce toi

Qui te dresses sur les toits ?
1933

Chaque commentaire est une goutte de pluie dans notre océan de poésie. Ajoutez votre averse, à la manière de Hugo.

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