Désarmement

Désarmer? Oui, ce bruit-là court,

Je sais qu’on a conté ce conte.

Églé, qui doit l’arrêter court?

Vous, dont il faut bien tenir compte.
On parle de désarmement!

Sans nulles paroles railleuses,

On rangerait, pour le moment,

Les canons et les mitrailleuses.
Ainsi, tout sera bien réglé

Pour tranquilliser les empires.

C’est bon. Mais cependant, Églé,

Que ferez-vous de vos sourires?
Car, Déesse, vos fiers appas

Et vos beautés et tous vos charmes,

Ainsi qu’on ne l’ignore pas,

Sont les plus redoutables armes.
Jeune guerrière aux sombres yeux,

Que ferez-vous de l’arc farouche

De vos sourcils mystérieux

Et des braises de votre bouche?
O vous dont on craint l’oeil subtil

Et qui triomphez dans les villes,

Dites-le-nous, en sera-t-il

De vous comme des vaudevilles,
Et verra-t-on les fiers accords

Que la grâce des attitudes

Fait saillir sur votre beau corps,

Remplacés par des platitudes?
Celle qui vit à ses genoux

Le jeune Adonis comme Anchise,

Avait bien moins d’armes que vous;

Et, je le dis avec franchise,
Charmeresse, Eve ou Dalila,

Dût l’Europe en être alarmée,

Tant que vous aurez ces yeux-là,

Je ne vous vois pas désarmée.
28 juillet 1888.

Voter pour ce poème!

Théodore de Banville Apprenti Poète

Par Théodore de Banville

Etienne Jean Baptiste Claude Théodore Faullain de Banville, né le 14 mars 1823 à Moulins (Allier) et mort le 13 mars 1891 à Paris, est un poète, dramaturge et critique français. Célèbre pour les « Odes funambulesques » et « les Exilés », il est surnommé « le poète du bonheur ».

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

La poésie est le reflet de l'âme. Laissez votre reflet briller ici.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

C’est presque l’invisible qui luit

Symphonie en blanc majeur