Vers sapphiques

Ma foi, mon espoir, mes chants fiers et doux,

Je t’ai tout donné, jusqu’à mon courroux.

Ce n’est pas assez, dit ton cœur jaloux.

Il a bien raison !
Il me faut bénir ta blonde toison,

Tes beaux yeux armés pour la trahison,

Et ton sein de neige, et le noir poison

Qu’a versé ta main !
Je les bénirai ! cher ange inhumain,

Fleurisse ta bouche au riant carmin !

Et toi, si ton pied le trouve en chemin,

Foule aux pieds mon cœur.
Oui, sers de complice au passant moqueur,

Et du noir oubli rhapsode vainqueur,

Mes vers frémissants chanteront en chœur

Ton nom adoré.
Jusqu’aux astres clairs je l’emporterai,

Et mon luth, peut-être un jour admiré,

Fera que l’éclat de ton front doré

Demeure immortel.
Puisse-t-il, flambeau de mon cher autel,

Éblouir de feu les divins sommets,

Et sur les piliers de saphir du ciel

Briller à jamais.

Février 1861.

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Théodore de Banville Apprenti Poète

Par Théodore de Banville

Etienne Jean Baptiste Claude Théodore Faullain de Banville, né le 14 mars 1823 à Moulins (Allier) et mort le 13 mars 1891 à Paris, est un poète, dramaturge et critique français. Célèbre pour les « Odes funambulesques » et « les Exilés », il est surnommé « le poète du bonheur ».

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Disparition

Enfin, puisque c’est Sa demeure