Éloge et pouvoir de l’absence

Je ne prétends point être là, ni survenir à l’improviste, ni paraître en habits et chair, ni gouverner par le poids visible de ma personne,
Ni répondre aux censeurs, de ma voix ; aux rebelles, d’un oeil implacable ; aux ministres fautifs, d’un geste qui suspendrait les têtes à mes ongles.
Je règne par l’étonnant pouvoir de l’absence. Mes deux cent soixante-dix palais tramés entre eux de galeries opaques s’emplissent seulement de mes traces alternées.
Et des musiques jouent en l’honneur de mon ombre ; des officiers saluent mon siège vide ; mes femmes apprécient mieux l’honneur des nuits où je ne daigne pas.
Égal aux Génies qu’on ne peut récuser puisqu’invisibles, — nulle arme ni poison ne saura venir où m’atteindre.

Voter pour ce poème!

Victor Segalen Apprenti Poète

Par Victor Segalen

Né à Brest en 1878, médecin de marine, archéologue, critique d'art, Victor Segalen est avant tout poète. Pour lui, vivre, voyager et écrire ne font qu'un. Sa vie est marquée par le mystère : écrivain du secret, il en protège l'intimité et meurt à quarante et un ans dans la forêt du Huelgoat, d'une mort aussi insolite que son oeuvre.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Écrivez comme un Verlaine, commentez comme un Hugo, et vous serez un pilier de notre communauté poétique.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

D’aventure

Le soir