Mon enfance captive a vécu dans des pierres,
Dans la ville où sans fin, vomissant le charbon,
L’usine en feu dévore un peuple moribond.
Et pour voir des jardins je fermais les paupières…
J’ai grandi ; j’ai rêvé d’orient, de lumières,
De rivages de fleurs où l’air tiède sent bon,
De cités aux noms d’or, et, seigneur vagabond,
De pavés florentins où traîner des rapières.
Puis je pris en dégoût le carton du décor
Et maintenant, j’entends en moi l’âme du nord
Qui chante, et chaque jour j’aime d’un coeur plus fort
Ton air de sainte femme, ô ma terre de Flandre,
Ton peuple grave et droit, ennemi de l’esclandre,
Ta douceur de misère où le coeur se sent prendre,
Tes marais, tes prés verts où rouissent les lins,
Tes bateaux, ton ciel gris où tournent les moulins,
Et cette veuve en noir avec ses orphelins…
Le chariot d’or