Pour les pairs de France

Pour les Paladins de France,
Assaillants dans un combat de barrière.

1605.

Et quoi donc ? la France féconde
En incomparables guerriers,
Aura jusqu’aux deux bouts du monde
Planté des forêts de lauriers,
Et fait gagner à ses armées
Des batailles si renommées,
Afin d’avoir cette douleur
D’ouïr démentir ses victoires,
Et nier ce que les histoires
Ont publié de sa valeur ?

Tant de fois le Rhin et la Meuse,
Par nos redoutables efforts
Auront vu leur onde écumeuse
Regorger de sang et de morts ;
Et tant de fois nos destinées
Des Alpes et des Pyrénées
Les sommets auront fait branler,
Afin que je ne sais quels Scythes,
Bas de fortune et de mérites,
Présument de nous égaler ?

Non, non, s’il est vrai que nous sommes
Issus de ces nobles aïeux,
Que la voix commune des hommes
A fait asseoir entre les dieux ;
Ces arrogants, à leur dommage,
Apprendront un autre langage ;
Et dans leur honte ensevelis
Feront voir à toute la terre,
Qu’on est brisé comme du verre
Quand on choque les fleurs de lis.

Henri, l’exemple des monarques,
Les plus vaillants et les meilleurs,
Plein de mérites et de marques,
Qui jamais ne furent ailleurs ;
Bel astre vraiment adorable,
De qui l’ascendant favorable
En tous lieux nous sert de rempart,
Si vous aimez votre louange,
Désirez-vous pas qu’on la venge
D’une injure où vous avez part ?

Ces arrogants, qui se défient
De n’avoir pas de lustre assez,
Impudemment se glorifient
Aux fables des siècles passés ;
Et d’une audace ridicule,
Nous content qu’ils sont fils d’Hercule,
Sans toutefois en faire foi ;
Mais qu’importe-t-il qui puisse être
Ni leur père ni leur ancêtre,
Puisque vous êtes notre Roi ?

Contre l’aventure funeste
Que leur garde notre courroux,
Si quelque espérance leur reste,
C’est d’obtenir grâce de vous ;
Et confesser que nos épées,
Si fortes et si bien trempées
Qu’il faut leur céder, ou mourir,
Donneront à votre couronne
Tout ce que le Ciel environne,
Quand vous le voudrez acquérir.

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