Devant un cranach

Sous un grand chaperon de peluche écarlate,
Un clair escoffion brodé de perles rondes
Enserre un front de vierge aux courtes mèches blondes,
Une vierge à la fois féroce et délicate.

Des chaînons ciselés, des colliers, vieux ors mats
Bossués de saphirs et de gemmes sanglantes,
Étreignent un cou mince aux inclinaisons lentes,
Jaillissant comme un lys d’un corset de damas.

La robe est en velours verdâtre à larges manches.
Le corset couleur feu ; les doigts de ses mains blanches
Sont surchargés d’anneaux de verre de Venise ;

Et de cette main longue et comme diaphane
La Judith allemande, enfant naïve, aiguise
Les dents d’un Holopherne égorgé, qui ricane.

L’ombre ardente

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Par Jean Lorrain

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