Pétrarque

Ce torrent, qui bondit, et jette
Son écume de neige et d’or,
Etait l’emblème du poète,
Quand sa muse prenait l’essor.
A ces bords sa gloire s’allie ;
Son ombre, est le Dieu de ces eaux :
Mais, le chantre de l’Italie
N’éveillera plus ces échos !

Quand, sur cette onde diaphane,
Se reflètent les feux du soir,
Quand, dans les cieux la lune plane,
Barde divin, je crois te voir !
Je t’évoque, je te supplie…
Et tout reste dans le repos ;
Car, le chantre de l’Italie
N’éveillera plus ces échos !

De la lyre, qui chanta Laure,
Nul n’a recueilli les débris ;
Les Dieux, que cette lyre adore,
Parmi nous ont été proscrits :
On vous a traînés dans la lie,
Amour, liberté, noms si beaux !
Ah ! le chantre de l’Italie
N’éveillera plus ces échos !

Sa voix énergique, et suave,
Se fit entendre tour-à-tour,
Défendant sa patrie esclave,
Ou chantant ses rêves d’amour.
Mais aujourd’hui, Rome avilie,
Revendique en vain des héros :
Non, le chantre de l’Italie
N’éveillera plus ces échos !

Plus de Rienzi, plus de Colonne.
Plus de grand homme inspirateur ;
De Capitole, où l’on couronne
Le poète triomphateur ;
Plus de femme qu’on déifie,
Ange, qui bénit nos travaux ;
Oh ! le chantre de l’Italie
N’éveillera plus ces échos.

Adieu, rive qu’il a chantée,
Rocher, d’où jaillirent ses vers,
D’où sa poésie enchantée
A pris son vol dans l’univers :
Dans mes jours de mélancolie
Souvent j’errais sur ces coteaux,
Et le chantre de l’Italie
Éveillait pour moi leurs échos.

Voter pour ce poème!

Louise Colet Apprenti Poète

Par Louise Colet

Louise Colet, née Révoil de Servannes à Aix-en-Provence le 15 septembre 1810 et morte à Paris le 8 mars 1876, est une poétesse et écrivaine française.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Rejoignez notre monde de mots, où chaque commentaire est un baiser de Ronsard à l'âme.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Penserosa

Plus de vers