Chants

I

Que d’images de la douleur!
Sombre atelier, dis-moi le statuaire.

Dont le génie atrabilaire
Rend le marbre plus dur, plus froid!
Quelle pâleur!
Quels démons et quel crime ont produit sur la terre

Tous ces monuments du malheur?

Ils ont assassiné la liberté publique!
Un ramas de brigands et de vils délateurs,
Ont d’un sénat esclave inondé le portique.
Ces marbres que tu vois, ce sont les sénateurs !

Quel esprit infernal t’assiège ! Ô rive de la
Seine, ô jour infortuné !
De la création le
Temple est profané ! ô
Paris, ô sénat, ô
Peuple, ô sacrilège!

Où courez-vous ainsi, brigands séditieux ?
En vain à la vertu vous déclarez la guerre.
Renonce, ô mon
Poète, à lancer le tonnerre;
Ou frappe de terreur ces monts ambitieux!

II

Est-ce une ivresse prophétique ?
Il a vu, quel regard, le sein de l’avenir !
D’où naissent mes transports et ce feu poétique,
Qui rappelle en mon cceur ce lointain souvenir ?

Dans la
Grèce antique.
Le poète a chanté les vainqueurs et les chars

De la course olympique.
Qu’un nouvel hymne, un sublime cantique,
Puisse, en nos jours, créer les jeux du
Champ-de-Mars.
Danse, jeune guerrier, dans ton cercle magique.
Chante des anciens
Francs le courage énergique !

Des mains de ce vieillard, plein d’attendrissement,
Reçois pour ta victoire une feuille civique ;
Que ta mère, en ses bras, te serre tendrement,
Et toi, jeune beauté, soupire innocemment !

Que j’aime, ô
Peuple franc, ta sauvage musique!
D’un empire nouveau, le chantre véridique

Te dira le commencement.
Que cet empire heureux dure éternellement !

III

Dans le temple de la gloire,

Assis dans un char de fer,
Ils adoraient
Pindare, à tous les vœux offert !
Le chœur de ses guerriers, qui disait sa victoire,
Rendait ses chants plus purs, par le plus doux concert !
Pindare éternisa la
Grèce et sa mémoire !
Dans un réduit stérile et de haillons couvert.

Sous le fer de la tyrannie,
Pindare, où retrouver ton antique harmonie ?

Dans l’esclavage et dans l’adversité.
Le cœur est sec, flétri.
Sommeil.
Caducité.

Ni théâtre adoré, ni chœur, ni symphonie,
D’un peuple libre, heureux, le spectacle enchanté,
Il n’a rien…
Il a tout ! le trésor du génie !
Son cœur aime la vérité.

Ne peux-tu pas créer, et ranimer la cendre

De l’innocent persécuté ?

Jusqu’aux enfers je veux descendre,
Pour y frapper le crime épouvanté.

Vous, amis de la liberté,

Accourez tous.
J’ai pour m entendre
Toutes les
Nations et la postérité.

Tempêtes, taisez-vous.
Siècles, faites silence !
Justice, je te rends ton glaive et ta balance !

Indigne oppresseur, tu pâlis!
Il croyait ses forfaits dans l’ombre ensevelis !
Et voilà ta sentence !
Lis!

i’I l’SIEURS
VOIX

Tempêtes, taisez-vous !
Siècles, faites silence !

une vorx Ô
Justice, il te rend ton glaive et ta balance.

UNE
AUTRE
VOTX

C’est l’Ami de la vérité,
Il aura pour l’entendre
Toutes les
Nations et la postérité !

Jusqu’aux enfers il veut descendre
Pour y frapper le crime épouvanté.

TOUT
LE
CHŒUR

D’un saint recueillement je ne puis me défendre.

IV

Jusqu’aux jours, sans nuage, aux sages destinés.
Pour annoncer au monde une clarté nouvelle,
La sainte
Vérité, toujours pure, immortelle,

Une lumière universelle ;
Où de nos anciens
Francs, par le crime enchaînés.
Aujourd’hui tous ensemble, à l’amour entraînés,
Les vrais représentants et la fleur la plus belle,

Diront aux tyrans couronnés :
Prêtres et rois, ô bande criminelle,
Allez! qu’à leurs remords ils soient abandonnés;
Où tous, reconnaissant la voix qui les appelle,
Pour jouir des bienfaits de la loi fraternelle.
Du
Nord et du
Midi, des climats éloignés.

Viendront dans la ville éternelle.

S’unir par des nœuds fortunés ;
Les cieux ont sur la terre envoyé quelques sages
Des peuples opprimés, véritables flambeaux !
Mais les rois et le prêtre et les anthropophages Éteignent les pensers et les feux les plus beaux
Qui pourraient éclairer leurs obscurs brigandages !
Ils voudraient enlever, que d’attentats divers !
La couleur, la parole et l’âme à l’univers.

une vocx

Dans le livre de la
Sagesse,
A-t-il trouvé ces chants, ce précieux trésor ?
Est-ce un hymne sacré du chantre de la
Grèce,
Au temple de
Minerve, écrit en lettres d’or ?

UNE
AUTRE
VOtX

De peur qu’un tyran ne ravisse À nos derniers neveux, ce précieux trésor,

Dans le temple de la justice,
Gardons ces chants sacrés, écrits en lettres d’or.

UNE
AUTRE

Que ses chants prophétiques
Soient imprimés au cœur des francs républicains.

UNE
AUTRE
VOIX

Pindare, couronné pour ses chants olympiques,
Dans la
Grèce a reçu des hommages divins.

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Par Nicolas De Bonneville

Nicolas de Bonneville, né le 13 mars 1760 à Évreux et mort le 9 novembre 1828 à Paris, est un libraire-imprimeur, journaliste, écrivain et franc-maçon français.

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