A la femme aimée

Lorsque tu vins, à pas réfléchis, dans la brume,
Le ciel mêlait aux ors le cristal et l’airain.
Ton corps se devinait, ondoiement incertain,
Plus souple que la vague et plus frais que l’écume.
Le soir d’été semblait un rêve oriental
De rose et de santal.

Je tremblais. De longs lys religieux et blêmes
Se mouraient dans tes mains, comme des cierges froids.
Leurs parfums expirants s’échappaient de tes doigts
En le souffle pâmé des angoisses suprêmes.
De tes clairs vêtements s’exhalaient tour à tour
L’agonie et l’amour.

Je sentis frissonner sur mes lèvres muettes
La douceur et l’effroi de ton premier baiser.
Sous tes pas, j’entendis les lyres se briser
En criant vers le ciel l’ennui fier des poètes
Parmi des flots de sons languissamment décrus,
Blonde, tu m’apparus.

Et l’esprit assoiffé d’éternel, d’impossible,
D’infini, je voulus moduler largement
Un hymne de magie et d’émerveillement.
Mais la strophe monta bégayante et pénible,
Reflet naïf, écho puéril, vol heurté,
Vers ta Divinité.

Etudes et préludes

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Par Renée Vivien

Pauline Mary Tarn, alias Renée Vivien, est née le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 dans le 16e arrondissement de Paris, surnommée « Sapho 1900 », est une poétesse britannique de langue française aux multiples appartenances littéraires, relevant à la fois du Parnasse, du Symbolisme, du Préraphaélisme, et du romantisme tardif qu'est le Naturisme à la Belle Époque.

Un prix annuel de poésie, le prix Renée-Vivien, a été créé pour lui rendre hommage.

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