Le Lys

Étouffons le chagrin cuisant

Et les peines qui nous meurtrissent:

Portons haut nos coeurs, à présent

Que les orgueilleux lys fleurissent!
Coupe sereine, ô chaste lys

Où le regard du soleil entre!

Corps délicieux de Cypris!

Blancheur superbe de son ventre!
Le beau lys, pour son coup d’essai,

Efface le cygne et l’ivoire;

Il est mieux vêtu que d’Orsay

Et que Salomon dans sa gloire.
Il règne, avec ses pistils d’or

Dans sa magnifique structure:

Pourtant, il ne s’est pas encor

Occupé d’une filature.
Splendide en son riche attirail,

Tu le sais, rayon qui le baises,

Il n’exécute aucun travail,

Pas même celui des trapèzes.
Noble épouvantail des méchants

Dont l’âme est toujours mercantile,

Le lys que ravissent les chants,

Ignore la prose inutile.
Pareil au marbre que Scyllis

Taillait d’un ciseau grandiose,

Il se contente d’être lys

Et ne sait pas faire autre chose.
7 juillet 1888.

Voter pour ce poème!

Théodore de Banville Apprenti Poète

Par Théodore de Banville

Etienne Jean Baptiste Claude Théodore Faullain de Banville, né le 14 mars 1823 à Moulins (Allier) et mort le 13 mars 1891 à Paris, est un poète, dramaturge et critique français. Célèbre pour les « Odes funambulesques » et « les Exilés », il est surnommé « le poète du bonheur ».

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Dans le monde de la poésie, chaque mot compte. Votre voix a sa place ici.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Antithèses de la Croix à l’arbre deffendu

Le rendez-vous