Monselet d’automne

Pantoum.
L’automne est doux ; adieu, libraires !

L’oiseau chante dans le sillon.

Monselet dit à ses confrères :

« Êtes-vous or pur ou billon ? »
L’oiseau chante dans le sillon,

Le ciel dans les vapeurs s’allume.

« Êtes-vous or pur ou billon ?

Répondez, soldats de la plume. »
Le ciel dans les vapeurs s’allume :

Ma mie, il faut aller au bois.

« Répondez, soldats de la plume,

Ne parlez pas tous à la fois. »
Ma mie, il faut aller au bois,

Là-bas où la brise soupire.

« Ne parlez pas tous à la fois :

Lequel de vous est un Shakspere ? »
Là-bas où la brise soupire,

Il fait bon pour les cœurs souffrants :

« Lequel de vous est un Shakspere ?

Lequel est Balzac ? Soyez francs. »
Il fait bon pour les cœurs souffrants.

Sur la mousse je veux qu’on m’aime.

« Lequel est Balzac ? Soyez francs.

? « Balzac ? dit chacun, c’est moi-même. »
Sur la mousse je veux qu’on m’aime,

De la seule étoile aperçu.

? « Balzac ? dit chacun, c’est moi-même. »

Monselet rit comme un bossu.
De la seule étoile aperçu,

Qu’un baiser de feu me dévore !

Monselet rit comme un bossu.

Bon biographe, ris encore !
Qu’un baiser de feu me dévore !

Hélas ! le bonheur est si court !

Bon biographe, ris encore,

On n’entendra plus Mirecourt.
Hélas ! le bonheur est si court !

O désirs vains et téméraires !

On n’entendra plus Mirecourt,

L’automne est doux : Adieu, libraires !
Septembre 1856.

Voter pour ce poème!

Théodore de Banville Apprenti Poète

Par Théodore de Banville

Etienne Jean Baptiste Claude Théodore Faullain de Banville, né le 14 mars 1823 à Moulins (Allier) et mort le 13 mars 1891 à Paris, est un poète, dramaturge et critique français. Célèbre pour les « Odes funambulesques » et « les Exilés », il est surnommé « le poète du bonheur ».

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Écrivez comme un Verlaine, commentez comme un Hugo, et vous serez un pilier de notre communauté poétique.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Je plante en ta faveur cet arbre de Cybèle

Sous les palmiers