Monselet d’automne

Pantoum.
L’automne est doux ; adieu, libraires !

L’oiseau chante dans le sillon.

Monselet dit à ses confrères :

« Êtes-vous or pur ou billon ? »
L’oiseau chante dans le sillon,

Le ciel dans les vapeurs s’allume.

« Êtes-vous or pur ou billon ?

Répondez, soldats de la plume. »
Le ciel dans les vapeurs s’allume :

Ma mie, il faut aller au bois.

« Répondez, soldats de la plume,

Ne parlez pas tous à la fois. »
Ma mie, il faut aller au bois,

Là-bas où la brise soupire.

« Ne parlez pas tous à la fois :

Lequel de vous est un Shakspere ? »
Là-bas où la brise soupire,

Il fait bon pour les cœurs souffrants :

« Lequel de vous est un Shakspere ?

Lequel est Balzac ? Soyez francs. »
Il fait bon pour les cœurs souffrants.

Sur la mousse je veux qu’on m’aime.

« Lequel est Balzac ? Soyez francs.

? « Balzac ? dit chacun, c’est moi-même. »
Sur la mousse je veux qu’on m’aime,

De la seule étoile aperçu.

? « Balzac ? dit chacun, c’est moi-même. »

Monselet rit comme un bossu.
De la seule étoile aperçu,

Qu’un baiser de feu me dévore !

Monselet rit comme un bossu.

Bon biographe, ris encore !
Qu’un baiser de feu me dévore !

Hélas ! le bonheur est si court !

Bon biographe, ris encore,

On n’entendra plus Mirecourt.
Hélas ! le bonheur est si court !

O désirs vains et téméraires !

On n’entendra plus Mirecourt,

L’automne est doux : Adieu, libraires !
Septembre 1856.

Publications similaires

La poésie est une danse de l'âme. Enchaînez vos mots, comme un poème de Nijinsky, et dansez avec nous.

Laisser un commentaire