Ma morte vivante

Dans mon chagrin, rien n’est en mouvement J’attends, personne ne viendra Ni de jour, ni de nuit Ni jamais plus de ce qui fut moi-même Mes yeux se sont séparés de tes yeux Ils perdent leur confiance, ils perdent leur lumière Ma bouche s’est séparée de ta bouche Ma bouche s’est séparée du plaisir Et du sens de l’amour, et…

Dans ma maison

Dans ma maison vous viendrez D’ailleurs ce n’est pas ma maison Je ne sais pas à qui elle est Je suis entré comme ça un jour Il n’y avait personne Seulement des piments rouges accrochés au mur blanc Je suis resté longtemps dans cette maison Personne n’est venu Mais tous les jours et tous les jours Je vous ai attendue…

A Fanny (I)

Non, de tous les amants les regards, les soupirs Ne sont point des pièges perfides. Non, à tromper des coeurs délicats et timides Tous ne mettent point leurs plaisirs. Toujours la feinte mensongère Ne farde point de pleurs, vains enfants des désirs, Une insidieuse prière. Non, avec votre image, artifice et détour, Fanny, n’habitent point une âme ; Des yeux…

Hymne au soleil

Je t’adore, Soleil ! ô toi dont la lumière, Pour bénir chaque front et mûrir chaque miel, Entrant dans chaque fleur et dans chaque chaumière, Se divise et demeure entière Ainsi que l’amour maternel ! Je te chante, et tu peux m’accepter pour ton prêtre, Toi qui viens dans la cuve où trempe un savon bleu Et qui choisis, souvent,…

Les pauvres gens

Il est nuit. La cabane est pauvre, mais bien close. Le logis est plein d’ombre et l’on sent quelque chose Qui rayonne à travers ce crépuscule obscur. Des filets de pêcheur sont accrochés au mur. Au fond, dans l’encoignure où quelque humble vaisselle Aux planches d’un bahut vaguement étincelle, On distingue un grand lit aux longs rideaux tombants. Tout près,…

Je suis le triste oiseau de la nuit solitaire

Je suis le triste oiseau de la nuit solitaire, Qui fuit sa même espèce et la clarté du jour, De nouveau transformé par la rigueur d’Amour, Pour annoncer l’augure au malheureux vulgaire. J’apprends à ces rochers mon tourment ordinaire, Ces rochers plus secrets où je fais mon séjour. Quand j’achève ma plainte, Écho parle à son tour, Tant que le…

Chanson de l’oiseleur

L’oiseau qui vole si doucement L’oiseau rouge et tiède comme le sang L’oiseau si tendre l’oiseau moqueur L’oiseau qui soudain prend peur L’oiseau qui soudain se cogne L’oiseau qui voudrait s’enfuir L’oiseau seul et affolé L’oiseau qui voudrait vivre L’oiseau qui voudrait chanter L’oiseau qui voudrait crier L’oiseau rouge et tiède comme le sang L’oiseau qui vole si doucement C’est…

Les séparés (N’écris pas…)

N’écris pas. Je suis triste, et je voudrais m’éteindre. Les beaux étés sans toi, c’est la nuit sans flambeau. J’ai refermé mes bras qui ne peuvent t’atteindre, Et frapper à mon coeur, c’est frapper au tombeau. N’écris pas ! N’écris pas. N’apprenons qu’à mourir à nous-mêmes. Ne demande qu’à Dieu… qu’à toi, si je t’aimais ! Au fond de ton…

La Pythie

A Pierre Louys. Hoec effata silet; pallor simul occupat ora. Virgile, AEn, IV. La Pythie, exhalant la flamme De naseaux durcis par l’encens, Haletante, ivre, hurle!… l’âme Affreuse, et les flancs mugissants! Pâle, profondément mordue, Et la prunelle suspendue Au point le plus haut de l’horreur, Le regard qui manque à son masque S’arrache vivant à la vasque, À la…

Premier sourire du printemps

Tandis qu’à leurs oeuvres perverses Les hommes courent haletants, Mars qui rit, malgré les averses, Prépare en secret le printemps. Pour les petites pâquerettes, Sournoisement lorsque tout dort, Il repasse des collerettes Et cisèle des boutons d’or. Dans le verger et dans la vigne, Il s’en va, furtif perruquier, Avec une houppe de cygne, Poudrer à frimas l’amandier. La nature…

Espérez-vous que la postérité

Espérezvous que la postérité Doive, mes vers, pour tout jamais vous lire ? Espérezvous que l’oeuvre d’une lyre Puisse acquérir telle immortalité ? Si sous le ciel fût quelque éternité, Les monuments que je vous ai fait dire, Non en papier, mais en marbre et porphyre, Eussent gardé leur vive antiquité. Ne laisse pas toutefois de sonner, Luth, qu’Apollon m’a…

A pas lents et tardifs tout seul je me promène

A pas lents et tardifs tout seul je me promène Et mesure en rêvant les plus sauvages lieux ; Et pour n’être aperçu, je choisis de mes yeux Les endroits non frayés d’aucune trace humaine. Je n’ai que ce rempart pour défendre ma peine, Et cacher mon désir aux esprits curieux Qui, voyant par dehors mes soupirs furieux, Jugent combien…

Le vent

Sur la bruyère longue infiniment, Voici le vent cornant Novembre ; Sur la bruyère, infiniment, Voici le vent Qui se déchire et se démembre, En souffles lourds, battant les bourgs ; Voici le vent, Le vent sauvage de Novembre. Aux puits des fermes, Les seaux de fer et les poulies Grincent ; Aux citernes des fermes. Les seaux et les…

Hymne à la nuit

Nuit, des amours ministre et sergente fidèle Des arrêts de Venus, et des saintes lois d’elle, Qui secrète accompagne L’impatient ami de l’heure accoutumée, Ô l’aimée des Dieux, mais plus encore aimée Des étoiles compagnes, Nature de tes dons adore l’excellence, Tu caches les plaisirs dessous muet silence Que l’amour jouissante Donne, quand ton obscur étroitement assemble Les amants embrassés,…

Marine

Les chars d’argent et de cuivre – Les proues d’acier et d’argent – Battent l’écume, – Soulèvent les souches des ronces. Les courants de la lande, Et les ornières immenses du reflux, Filent circulairement vers l’est, Vers les piliers de la forêt, – Vers les fûts de la jetée, Dont l’angle est heurté par des tourbillons de lumière. Ajouter aux…

Plainte

Mets les mains sur mon front où tout l’humain orage Lutte comme un oiseau, Et perpétue, ainsi qu’au creux des coquillages, Le tumulte des eaux. Ferme mes yeux afin qu’ils soient clos et tranquilles Comme au fond du sommeil, Et qu’ils ne sachent plus quand passent sur la ville La lune et le soleil. Parle-moi de la mort, du songe…

Le relais

En voyage, on s’arrête, on descend de voiture ; Puis entre deux maisons on passe à l’aventure, Des chevaux, de la route et des fouets étourdi, L’oeil fatigué de voir et le corps engourdi. Et voici tout à coup, silencieuse et verte, Une vallée humide et de lilas couverte, Un ruisseau qui murmure entre les peupliers, — Et la route…

Une fleur

Hier, lorsqu’au matin sonnait la dixième heure, J’allais, et je ne sais comment il arriva Que je me retrouvai devant votre demeure, Je ne sais où j’allais, mais je me trouvai là. Et de tristes pensers dans mon sein murmurèrent, Tristesses que le cœur exhale en les chantant, Et ces pensers vers vous doucement s’élevèrent, Comme un parfum des bois…

L’expiation (II)

II. Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! morne plaine ! Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine, Dans ton cirque de bois, de coteaux, de vallons, La pâle mort mêlait les sombres bataillons. D’un côté c’est l’Europe et de l’autre la France. Choc sanglant ! des héros Dieu trompait l’espérance Tu désertais, victoire, et le sort était…

Le danseur de corde et le balancier

Sur la corde tendue un jeune voltigeur Apprenait à danser ; et déjà son adresse, Ses tours de force, de souplesse, Faisaient venir maint spectateur. Sur son étroit chemin on le voit qui s’avance, Le balancier en main, l’air libre, le corps droit, Hardi, léger autant qu’adroit ; Il s’élève, descend, va, vient, plus haut s’élance, Retombe, remonte en cadence,…

Le charme

Deux prunelles innocentes, le sont-elles ? Deux sondes pénétrantes m’ensorcellent. Ma caravelle accostée en silence, sur le point de chavirer se balance. Leurs furtives lanternes éclairent Pont supérieur, château arrière. Arrimée au gouvernail, rebelle, je tressaille. Quand… devant l’aplomb de ces exploratrices, pavillon bas sans plus d’artifice, je m’abandonne en discrétion, au bercement de cette inclination. KatyAnn – 30/07/2024 Il s’agit…

Cheli-Beti

Cheli-Beti, petite fille des hauteurs Sous l’azur népalais, en Inde ou ailleurs Espère des jours meilleurs. Être née femme devait-il annoncer L’ombre jetée sur ta destinée ? Cheli-Beti, petite sœur des hauteurs Sous l’emprise de tes protecteurs Au cœur de l’innocence Si la lumière ternit au gris de la violence Tes secondes écolières portent ta délivrance N’oublie pas de chanter…

Les manèges

Les manèges Où s’installent les enfants Quand les tableaux noirs sont vacants. Les manèges Où s’agite la queue du chat Que les jeunes mères Montrent du doigt. Les manèges Ont quelque chose de triste De froid Comme un rituel séculaire. Quand les enfants grandissent Ils tournent en rond De la même façon. Et Le poète a détaché Son cheval de…

Tankas de sagesse

Succès ou échec se couler dans le courant affronter l’obstacle. Etre courageux ou lâche faire un choix c’est renoncer. Cherchant l’Amérique un voyageur un peu fou part vers l’Occident et découvre l’Armorique là où finit son chemin. Où finit la terre ? Le sage ne sait répondre. L’explorateur dit c’est ici en Finis Terre aux légendes et mystères. Quelques pêcheurs…

L’herbe

L’herbe Que j’avais dans le cœur N’est plus qu’un amas. Maintenant elle brûle. La fumée me monte aux narines Comme de l’iode. Sur la hune des arbres Les matelots se tatouent des îles. L’herbe n’est plus que cendre Et La pluie est tombée. Sur la cendre mouillée Les oiseaux ont laissé des empreintes. Même Si les chasseurs passent ici Ils…

La mer

Ensemencée d’étoiles Elle répand sur le sable Des paroles Des fragments Des sourires lointains. Tantôt langoureuse Semblable à une gitane Sur un banc de coquillages Ses doigts caressent Les cordes du vent. Tantôt échevelée La sueur perle son visage. Elle frappe sur les batteries ; Les embruns se perdent ou se captent Avec les cris des oiseaux palmipèdes. * Aux lunes…

En amour,

En amour, nous comprenons le vrai sens de la liberté. Lorsque j’ai été libéré de mes restrictions psychologiques, j’ai commencé à connaître le chemin vers la liberté. La vie, les événements, les circonstances et les tragédies nous contraignent, mais les idées élevées nous libèrent. Lorsque les grands meurent et que la vie reste l’apanage des ignorants, la lumière de la…

Tous les compliments pour les jours qui nous font encore rêver malgré nos fous caprices.

Les jours ne nous permettent plus de créer de la laideur dans la vie; alors créons de la beauté que les jours nous rappellent avec fierté.Tard est venu le bonheur tardif dans les jours épuisés. Nous sommes tous des débutants dans la vie car nous vivons les mêmes jours. Notre mémoire oublie, et la mémoire des jours préserve nos pas…

Dans un moment de magie,

Dans un moment de magie, les yeux sont voilés, et toute vie semble magique Nous blâmons les jours et la vie, et c’est nous qui avons gâché leur beauté et leur magnificence avec nos actions frivoles, et nous attendons des jours meilleurs. Fixez votre journée actuelle et rêvez d’un avenir meilleur. Nous opprimons les jours faussement et nous sommes les…