Tout s’oublie

L’été ne sait pas les chansons

Que le printemps chantait au saule ;

L’été marche et sur son épaule

S’entasse l’or de la moisson ;

Dans sa chevelure superbe

Fleurissent les fleurs de la gerbe.
– L’été ne sait pas les chansons

Que le printemps chante au brin d’herbe.

L’automne ne sait plus le chant

Que l’été lançait vers la nue ;

L’automne s’assied, tête nue,

Aux pieds rouges du cep penchant

Le cuivre mêle son haleine

Aux plaintes de la tonne pleine.
– L’automne ne sait plus le chant

Que l’été lance dans la plaine !

L’hiver ne sait plus le refrain

Dont l’automne emplissait la vigne.

L’hiver rêve, ayant pour tout signe

Les pieds sur les chenets d’airain.

La neige par le toit filtrée

Argente sa tête sacrée.
– L’hiver ne sait plus le refrain

Dont l’automne emplit la vesprée !

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