A Babord

Le port
Pas un bruit de machine pas un sifflet pas une sirène

Rien ne bouge on ne voit pas un homme

Aucune fumée monte aucun panache de vapeur

Insolation de tout un port
Il n’y a que le soleil cruel et la chaleur qui tombe du ciel et qui monte de l’eau la chaleur éblouissante
Rien ne bouge
Pourtant il y a là une ville de l’activité une industrie
Vingt-cinq cargos appartenant à dix nations sont à quai
et chargent du café

Deux cents grues travaillent silencieusement (A la lorgnette on distingue les sacs de café qui voyagent
sur les tapis-roulants et les monte-charge continus

La ville est cachée derrière les hangars plats et les grands
dépôts rectiïignes en tôle ondulée)

Rien ne bouge

Nous attendons des heures

Personne ne vient
Aucune barque ne se détache de la rive

Notre paquebot a l’air de se fondre minute par minute
et de couler lentement dans la chaleur épaisse de se
gondoler et de couler à pic

Blaise Cendrars

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