Épiphanie

Elle passe, tranquille, en un rêve divin,
Sur le bord du plus frais de tes lacs, ô Norvège !
Le sang rose et subtil qui dore son col fin
Est doux comme un rayon de l’aube sur la neige.

Au murmure indécis du frêne et du bouleau,
Dans l’étincellement et le charme de l’heure,
Elle va, reflétée au pâle azur de l’eau
Qu’un vol silencieux de papillons effleure.

Quand un souffle furtif glisse en ses cheveux blonds,
Une cendre ineffable inonde son épaule ;
Et, de leur transparence argentant leurs cils longs,
Ses yeux ont la couleur des belles nuits du Pôle.

Purs d’ombre et de désir, n’ayant rien espéré
Du monde périssable où rien d’ailé ne reste,
Jamais ils n’ont souri, jamais ils n’ont pleuré,
Ces yeux calmes ouverts sur l’horizon céleste.

Et le Gardien pensif du mystique oranger
Des balcons de l’Aurore éternelle se penche,
Et regarde passer ce fantôme léger
Dans les plis de sa robe immortellement blanche.

Poèmes tragiques

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